Enfant, je passais toutes les vacances scolaires chez mes grand parents, d’abord à Pessac puis à côté de Saint Emilion, mais tous les deux étaient des bordelais purs et durs. Mon papy a grandi dans les quartiers populaires, près du grand cimetière de la chartreuse, un vrai drôle bordeluche, comme il y a des titis parisiens. Il était aussi fan de sports et un chouïa chauvin. Il suivait le Tour de France, le rugby, un peu l’athlétisme, mais surtout le foot et donc les Girondins de Bordeaux, avec ferveur.

Oui, on va parler foot. Je sais bien qu’il y a plus important que le sort d’un club de foot, mais sans être aussi excitée que les supporters que j’ai vu défiler sur les RS, je suis très triste de ce qui arrive à ce grand club qui est en train de mourir (pour ceux qui ne suivent pas, et je comprends, Bordeaux est menacé de jouer en amateur, voire de carrément déposer le bilan et cesser d’exister). C’est parce que j’ai le souvenir de mon papy qui écoutait religieusement tous les matchs à la radio, dans la cuisine, pendant que ma mamie regardait Sissi ou Angélique au salon. Je me rappelle très bien de sa tête (celle de mon papy, pas celle de Sissi ou Angélique) devant la une de Sud-Ouest annonçant, telle une catastrophe interplanétaire, le départ de la légende Giresse pour Marseille, trahison suprême. J’étais évidemment totalement effondrée aussi.
C’est au parc Lescure (depuis stade Chaban Delmas et qui accueille maintenant le rugby) que j’ai vu mes premiers vrais matchs. C’est là que j’ai eu peur que le virage sud, encore en tribune debout, s’écroule à force de trembler sous les sauts des supporters enthousiastes. Mais j’ai continué à sauter avec les autres. J’ai des souvenirs de matchs pourris, sous une pluie battante, emmitouflée sous un sac poubelle à côté de mon papa. Des souvenirs de « grande » pour le premier match que je suis allée voir sans supervision avec le cousin de mon cousin et une bande de potes. C’était contre Nantes, c’est dire si ça m’a marqué. Mon cousin lui-même a des souvenirs encore plus marquant, de ramasseur de balle pour ses idoles à envahissement de terrain pour fêter un titre, (c’était toléré et bon enfant à l’époque), lui qui rêvait de jouer aux Girondins un jour. On arrivait à la période Lizarazu- Zidane-Dugarry, celle du passage en ligue 2 certes, mais aussi des fêtes de la victoire sur la place de la Victoire justement, en plein coeur de Bordeaux. Ma sœur avait un cahier où elle collait les images des joueurs dont un qui lui plaisait beaucoup. C’est le moment où je me suis vraiment éloignée, géographiquement, mais je me souviens de ce douanier qui m’a spontanément souhaité bonne chance lors d’un retour en France quand il a vu d’où je venais. Je me souviens de la Victoire (la place) explosant lors d’un match retour européen qui est rentré dans l’histoire de la ville.
J’ai continué à suivre les girondins de Bordeaux en Irlande, à la radio comme mon papy. Maricheri est resté interloqué à la vue de sa belle-mère, une personne remarquable par son calme à tout épreuve (dont je n’ai clairement pas hérité, alors qu’elle m’a transmis ses cheveux incoiffables, franchement…), mais assez petite, manquant de se fracasser le crâne au plafond en sautant partout dans notre cuisine dublinoise quand Bordeaux a été sacré champion à la dernière minute devançant l’ennemi juré Marseille. En Angleterre, on a enfin pu voir le French football à la télé. L’Ado, fan à l’anglaise c’est à dire véritable enragé du foot (lui rêvait de jouer pour Arsenal) a commencé à s’intéresser aux Girondins par atavisme familial. Puis à collectionner les maillots. Puis à devenir spécialiste des Girondins dans certains médias en ligne et finalement papier et audio visuel. C’est un peu grâce aux Girondins qu’il va aujourd’hui pouvoir demander sa carte de presse, ça y est, avant même d’être diplômé et alors qu’il n’a pas fait d’études de journalisme.
Tout ça pour dire que les Girondins de Bordeaux, c’est juste du foot, c’est pas grave, d’accord. Sauf que ça fait partie de mon histoire familiale depuis toujours. Le scapulaire (l’espèce de v sur le maillot), les marines et blancs, ça a toujours été dans ma vie, de près ou de loin. Alors oui, j’ai un peu mal quand je vois ce club qui risque de mourir. Mon papi aurait été très triste.
Tu réussis à m’émouvoir avec une histoire de foot, alors que je déteste ce sport … tu as un véritable don pour l’écriture, tu devrais écrire un livre 😉😉
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C’est fait, et justement, ça parle de mon grand père! https://www.editions-maia.com/livre/le-petit-drole/ (et merci 😉)
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Julien Courbet que j’écoute sur RTL etait aussi tres triste de ca 😦
C’est un peu la meme chose avec l’ASSE (les Verts) ici….
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