Je continue à massacrer allègrement l’histoire anglaise sans aucune compétence ni prétention autre que celle de rire un peu. On en était aux victoriens, enfin non à Victoria, juste elle. On va donc parler des autres, il n’y a pas de raison que ça tombe toujours sur les Royals.

Parce que bon, il n’y a pas que Vickie and Co au dix neuvième en Angleterre. La société victorienne est désopilante. Vous voyez Dickens ? Et bien, ce n’est pas forcément de la fiction. Les Victorian’s values, les valeurs victoriennes que certains politiciens rassis portent toujours aux nues aujourd’hui, à condition qu’elles s’appliquent aux autres, sont charmantes : il faut travailler dur. Très dur. On ne veut plus des excès et de ce qui est considéré comme l’immoralité des géorgiens. C’est dire si on s’amuse. On crée les workhouse, pour loger et nourrir les nécessiteux, certes mais en les faisant bosser pour qu’ils « paient » pour ça…non mais c’est vrai, ils croient quoi, ces gens qu’on maintient la tête sous l’eau, dans la pauvreté pour avoir une occasion de briller en leur faisant publiquement la charité, qu’ils vont pouvoir se la couler douce ? Ahaha, au boulot ! Les Victoriens sont aussi très à cheval (c’est une image) sur l’ordre domestique, il faut que les foyers soient bien rangés, que tout soit bien rangé en fait, y compris les pauvres qui ne font rien qu’à gâcher les rues en y traînant bêtement. Il’n’y a pas que Dickens qui s’émeut. En 1845 Benjamin Disraeli, député et futur premier ministre publie Sybil, et explique que deux nations cohabitent en Angleterre et même vivent dans deux mondes parallèles, les riches et les pauvres. En 1847 dans un accès de bonté inattendu, on limite le temps de travail à 10 h par jour pour les femmes et les enfants, autant de mansuétude, ça fait chaud au cœur, tiens.
L’Angleterre devient l’usine de production du monde entier. La population de Londres passe de 1 million à 6 de 1800 à 1900. Le Nord et les midlands s’industrialisent, les usines poussent de partout. Les mines aussi…enfin non, les mines c’est plutôt souterrain, mais on se comprend. Les égouts et l’éclairage public se développent dans les grandes villes. Ça permet de bien voir les ravages de l’épidémie de choléra à Londres en 1850…quand on vous dit que ces pauvres, ça fait désordre, voilà que ça vient crever jusque dans la capitale. Franchement, ils n’ont aucun tenue. C’est pas faute de leur faire la charité pourtant. Les sociétés philanthropiques et religieuses, extrêmement religieuses se multiplient. En même temps, c’est sûr qu’elles ont de quoi faire et puis ça occupe les dames de classe moyenne qui ne peuvent pas bosser comme de vulgaires pauvres, ni s’amuser comme les riches, ça coûte cher. Parce qu’une classe moyenne urbaine est en train d’émerger, coincée par la morale victorienne et entre les classes populaires et les riches. Et attention, on ne se mélange pas entre working class, middle class, upper middle class and upper class. Ça fait un peu classification de gasteropodes mais ça existe toujours et on ne rigole pas avec ça en Angleterre.
Pour être sûr de bien tout rangé, on renforce la police, on construit des prisons et des asiles psychiatriques, qui sont encore plus guillerets que les prisons, mais aussi des écoles. Ah ben ça, c’est une bonne chose…surtout que mettre les gamins à l’école, c’est se priver d’une main d’œuvre bon marché, si c’est pas admirable, ça ! Et après on critique les victoriens… d’ailleurs, l’éducation devient obligatoire à partir de 1891. A côté de cette morale qu’on peut qualifier de légèrement austère pour être poli, ou d’hypocrite et franchement pénible pour être sincère, voilà-t-il pas que les victoriens inventent des loisirs nouveaux. Il faut les comprendre, à force de n’inventer que des machins à vapeur, ils se sont lassés et ont voulu se diversifier un peu. Manque de chance, ils étaient déjà à fond de ce qu’il pouvaient trouver côté industrialisation, il a fallu changer complètement de créneau pour faire du neuf. Bref, les victoriens découvrent qu’on peut certes faire naviguer des bateaux sur la mer pour aller coloniser un peu, par là, mais qu’on peut aussi s’y baigner ! C’est carrément révolutionnaire. Les stations balnéaires poussent partout (oui bon, sur les côtes, évidemment, il y en a très peu dans le Cambridgeshire par exemple), grâce au chemin de fer, qui permet aux londoniens de venir se tremper les orteils dans la manche et même la mer du nord. C’est là qu’on voit que les victoriens étaient quand même courageux, parce qu’elle est très froide, j’ai testé.
Mais soyons clairs, les victoriens sont toujours connus aujourd’hui dans le monde entier pour leur léger empressement à aller le coloniser. Ce monde entier, à concurrence avec leurs copains de l’autre côté de la Manche. Et là, ça rigole autant que dans les workhouses du début…ça me déprime tout, je vais m’arrêter là pour aujourd’hui.