Hier, j’ai eu une conversation qui m’a perturbée, avec une dame que je ne connais pratiquement pas pourtant. Elle parlait de la guerre en Ukraine, ou plutôt, je cite « de la guerre à Macron ». Ah. J’ai essayé d’expliquer, c’est mon côté ancienne prof, mais elle n’a rien voulu entendre, puisqu’elle savait tout, grâce à un célèbre animateur d’une chaîne que je préfère ne pas nommer pour ne pas faire de pub à Bolloré.

Devant sa logorrhée verbale sans queue ni tête, mélangeant vaccin, immigration, Mitterand (?!?), Russie, États-Unis, et beuglant « on n’en veut pas des ukrainiens chez nous, c’est leur faute », j’ai failli lui éclater la tête contre un mur en espérant faire démarrer son cerveau. C’était tout à la fois risible et terrifiant. Dérisoire et xénophobe. De plus en plus xénophobe au fur et à mesure qu’elle déblatérait: « C’est un coup monté de l’Europe pour nous forcer à laisser les ukrainiens venir chez nous, ils vont nous ramener des maladies». J’étais au bord de l’explosion. Et puis, elle a continué: « avec tout ça, tout devient plus cher ». C’est pas faux. Elle a prévenu ses enfant, elle peut plus suivre. Deux repas par jour, c’est trop, maintenant le soir, ils mangent du pain avec du beurre et c’est assez…alors j’ai fermé ma grande gueule de privilégiée. J’ai rangé mon indignation, mes tentatives d’explication et mon complexe de supériorité intellectuelle. J’ai eu honte. Jusqu’à ce matin.
Ce matin, après avoir réfléchi toute la nuit, je suis en colère. Après les gens qui bourrent le crâne de cette pauvre femme. Après elle aussi, parce qu’elle se laisse faire. Oui, sa vie est infiniment plus difficile que la mienne et c’est facile de critiquer dans ma position bien confortable. Je ne me fais pas de souci pour les repas, mais devoir manger du pain n’a aucune raison de rendre raciste non plus. Il ne s’agit pas de nier qu’elle et d’autres sont manipulés, qu’on leur ment, qu’on les endoctrine, qu’ils sont le jouet plus ou moins consentant des pires populistes. Il ne s’agit pas non plus de nier leurs problèmes, leurs difficultés, leur misère sociale…mais à la limite, confronté à leur haine de tout ce qui est étranger, on s’en fout. Ce n’est pas le propos. Rejeter des gens qui fuient un déluge de feu et des atrocités sans nom, c’est ignoble. C’est tout. Il faut arrêter de dire ah ben oui, bouh c’est méchant, mais le pauvre petit qui a dit ça, il est au chômage et puis il a eu des problèmes à l’école et il ne se rend pas compte et il faut le comprendre…Non.
Juste non. Déjà, c’est effroyablement méprisant pour les gens qui comme cette dame, ont des difficultés dans la vie, ça n’empêche pas d’avoir un cerveau, un cœur, d’être tolérant, d’être ouvert. Alors finalement, je regrette d’avoir fermé ma grande gueule de privilégiée. Pas pour essayer de lui expliquer, ça n’aurait servi à rien, elle ne m’aurait pas cru. Mais parce que rien, absolument rien, ne justifie la xénophobie. Rien n’excuse de vouloir laisser mourir des gens parce qu’ils sont d’ailleurs.
Tu as mille fois raison, cette dame était indigne!
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Une chauffeuse de taxi, mais je n’ai pas voulu le mettre, il y a assez de clichés sur les taxis.
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OK
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Ça ne l’excuse pas pour autant, je regrette de n’avoir rien dit parce que je me suis sentie bête, à payer une course alors que j’aurais pu prendre le bus, pendant qu’elle galère pour payer tous les repas.
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Tu as mille fois raison, c’est très intéressant comme réflexion. Ce n’est effectivement pas la faute des « pauvres » (dans le sens triste) personnes non éduquées si elles ne sont pas éduquées, mais c’est important d’échanger, car peut être qu’au fond, au tout fond, tu l’as fait réfléchir 😉 Et ce serait à l’état d’aider les gens à réfléchir… normalement xD!!
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