Comme je le racontais sur FB ce matin, j’ai croisé Zezette épouse X tout à l’heure dans le village. C’est à dire que je suis tombée devant une dame d’un âge indéterminé, qui portait une jupe bleue claire en forme de sac à patate remontée jusque sous les bras, une superposition de hauts jaunâtres tous plus kitch les uns que les autres, plusieurs mis à l’envers et non boutonnés mais par effet de style, clairement, plutôt que par oubli. Bon, il se trouve que ma Zezette épouse X avait emprunté le manteau léopard en polyester de Katia, mais je trouve que ça rajoute à son charme…je passe sur le maquillage et la coiffure, c’était parfait, je me suis cru dans le film. J’ai vivement regretté de ne pas avoir eu l’audace de la prendre en photo.

GeekAdo, dont c’était le tour d’être désigné volontaire pour porter les courses, m’a trouvé méchante…alors déjà, il a très bien reconnu Zezette épouse X lui aussi, sans même que je lui dise. Donc, il a l’esprit aussi moqueur que le mien, c’est juste qu’il n’assume pas, et toc. Et puis justement, je ne me moque absolument pas de cette dame. Elle a illuminé ma journée. Vraiment. Elle avait l’air saine d’esprit, elle vaquait à ses occupations, à l’aise avec son apparence, et ça, j’adore. J’aime beaucoup les originaux, les gens pas dans le moule, ceux qui dépassent un peu ou beaucoup des cases de la « normalité » sociale et qui s’en foutent. Je trouve d’ailleurs qu’il n’y en a pas beaucoup en France, c’était mieux en Angleterre, entre les jedis, les druides, la vieille dame près de l’école qui s’habillait comme pour prendre le thé avec Lizzie pour tailler sa haie…c’était charmant. C’était vivant, surprenant, inattendu et ça mettait de bonne humeur. C’est assez triste en France, comme presque personne n’ose sortir de la banalité.
GeekAdo n’avait pas encore fini de me faire la morale qu’on est retombé sur Zezette à la boulangerie. Je ne veux pas cafter, mais il a pouffé de rire, il n’arrivait plus à s’arrêter. Lui qui râlait encore deux secondes avant de devoir porter un gros sac, il a soudain été ravi de m’avoir accompagné de force volontairement pour faire les courses. La corvée s’est transformée en petite aventure qu’il s’est empressé de raconter aux autres en rentrant, juste grâce à notre Zezette épouse X. Voilà, je crois qu’il a compris que je ne me moque pas et pourquoi j’apprécie autant les originaux. J’espère bien recroiser cette dame, j’ai très envie d’entamer une conversation, elle m’intéresse bien plus que les gens dit « normaux ».
Bon après, beaucoup me disent, avec un air pincé voire offusqué, que j’ai « un style anglais ». Si ça se trouve, je passe justement pour l’originale du coin, comme Zezette épouse X. C’est possible… et bien, ça ne me dérange pas, au contraire!
En face de mon boulot, il y a une dame âgée. Elle doit avoir du mal à contrôler ses mouvements : ses vêtements sont toujours tachés, les couleurs mal assorties ; elle se maquille pour sortir, maladroitement, son rouge à lèvres déborde largement de sa bouche, son fard à paupières s’étale jusque sur son front. Parfois, en la croisant, je sens qu’elle est portée sur la bouteille. Comme le trottoir de sa rue est étroit et en pente, elle marche au milieu de la chaussée en hurlant sur les automobilistes qui patientent derrière elle. Ses sorties rythment ma journée professionnelle (enfin, rythmaient car je suis toujours en télétravail). Mais je l’admire, cette dame, qui marche difficilement avec ses béquilles mais qui fait l’effort de sortir plusieurs heures par jour, qui s’habille et se maquille pour aller à la supérette du coin. Sera-t-elle encore là lorsque je retrouverai mon bureau ? (un jour, peut-être…)
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Au départ, je me suis demandée si cette Zezette avait bien toute sa tête, je n’aurais pas eu la même réaction. Mais elle avait l’air tout à fait maîtresse d’elle même, juste originale!
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Bon, j’ai retrouvé mon bureau, mais pas la petite dame : son appartement est vide, plus un meuble… je me demande ce qu’elle est devenue : placée en maison de retraite ? Elle va mettre de l’ambiance ! Ou décédée ? C’est possible aussi, hélas.
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