Ou sense and préjudice, comme vous préférez. Bref, je voulais parler de Jane Austen. Attention, de l’écrivain, pas des bluettes hollywoodiennes indigestes qui massacrent régulièrement son œuvre. Parce que figurez-vous que je trouve l’œuvre de Jane Austen hilarante. Elle a un humour débordant, un sarcasme juste ce qu’il faut d’acide, une ironie délicieuse et un second degré désopilant. Je comprends que ça puisse surprendre ceux qui ne connaissent que les horreurs cinématographiques qui s’en inspirent très vaguement. Je me suis même inquiétée, comme je l’ai lu en version originale, c’est à dire en anglais du début du 19 eme, je me suis demandée pendant un moment si j’avais bien compris. Peut-être que les merveilleux romans de Jane Austen n’étaient en fait que d’infâmes histoires gnangnan à l’eau de rose et pas du tout drôles? Je me suis renseignée, il y a plein de travaux universitaires qui confirment l’humour de Jane Austen et parlent de son ironie mordante, ouf!

(On voit de suite qu’elle respire la joie de vivre, non? L’image vient du guardian.co.uk)
Sérieusement, vous avez lu Pride and Préjudice? Les héros s’en prennent pour leur grade tout le long du livre, ils sont idiots, bornés, prétentieux, snobs, plein de préjugés, c’est un festival! Je préfère d’ailleurs ses deux romans les moins défigurés par le cinéma, Mansfield Park, où les héros rivalisent en imbécilité et sont couverts de ridicule du début à la fin (et le mariage final est expédié en quelques lignes paresseuses, pour être poli, parce qu’il faut bien se plier aux conventions de l’époque. On était comme ça en Angleterre dans les années 1810, très peu porté sur l’union libre et tout ce genre de choses) et Northanger abbey, petit bijoux de la littérature parodique (et oui, Jane Austen s’est hardiment moquée du courant littéraire gothique qui faisait fureur). Un de ses biographes Jenkins, compare même l’humour de Jane à celui des Monty Python!
Bref, j’ai décidé de réhabiliter cette grande comique, hop! Vue sa vie trépidante, il lui a effectivement fallu une sacrée dose d’humour pour ne pas de suicider directement, par neurasthénie. La petite Jane est née en 1775 et a grandit avec une tripotée de frères et une sœur, il faut bien s’occuper. Son papa était recteur (un peu comme vicaire), ce qui ne prête déjà pas à rire. Jane a presque étudié à Oxford (pas à l’université, dans une pension pour filles, faut pas rigoler non plus), mais elle attrape bêtement le typhus, ce qui est très gênant quand même. Du coup, elle rentre fissa chez papa et maman, d’où elle ne sortira pratiquement plus. Sûrement pour s’en débarrasser son père lui laisse heureusement lire tout ce qui lui tombe sous la main et l’encourage à écrire, pendant qu’elle fait ça, elle le laisse tranquille.
Jane commence à pondre des poèmes et des petits trucs comme ça, vivement soutenue par ses frères. Elle tombe sottement amoureuse d’un étudiant irlandais sans le sou, ce qui ne se fait pas du tout dans son milieu. Le pauvre garçon est évacué rapidement et Jane suit ses parents et sa sœur à Bath. Elle s’ennuie ferme et écrit ses premiers romans. Elle fait preuve d’un féminisme pétaradant en acceptant puis refusant la demande en mariage d’un riche garçon, Bigg-Wither. Contrairement à ses héroïnes fantoches, Jane n’a pas besoin de se marier pour exister! D’ailleurs, elle se dispute très bien toute seule avec son éditeur, qui pourrait quand même se bouger un peu et publier ses livres. C’est pas qu’il se fait tard, mais on est déjà arrivé en 1809 et Jane attend toujours . En plus, depuis la mort de son père, elle vit pratiquement sans le sou, avec sa mère et sa sœur et dépend entièrement de ses frères, c’est gênant. On sent que ça ne devait pas rigolait tous les jours.
Finalement, Sense and sensibility parait en 1811. Les autres romans suivent, et même le Regent devient fan d’Austen. Il était temps, puisqu’elle meurt en 1817 après de long mois d’agonie. C’est bien ce que je disais, heureusement qu’elle a pu s’amuser dans ses livres…
J’ai adoré « Lady Susan » ! c’est très maitrisé et pourtant c’est un de ses 1ers romans.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Lady_Susan
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Tout à fait. Et elle a retravaillé tous ses textes jusqu’à sa mort.
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Woo hoo tu me ramènes à mes années fac, on avait fait Pride & Prejudice, mais comme c’est tombé après un trimestre de Brighton Rock (du tourmenté Graham Greene…) tu imagines le clash de genres…
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Tu me casses tout mon argumentaire là! 😀
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J’avoue que ni les bouquins ni les films ne m’ont tente. Je vais tenter les livres, meme si je sens que ca va etre tres different de Legardinier 😀
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C’est sur! Mais c’est vraiment plein d’humour second degrés.
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Vu que Ifeelblue semble d’accord avec toi, je vais tenter un jour 😉
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Ça n’a rien à voir avec les films! La trame est la même, mais elle passe son temps à se moquer de ses personnages et des conventions de son époque.
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j’ai découvert très tard Jane Austen car j’étais persuadée que c’était des histoires à l’eau de rose et ça m’attirait pas vraiment. Et puis quand je me suis finalement lancée… je les ai tous enchainés (enfin tous ceux que j’ai pu trouver à la bibliothèque) et j’ai A-DO-RÉ!
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Ca fait plaisir de voir que je ne suis pas la seule! Je déteste le traitement qu’on en a fait au cinéma. Elle avait quand même un sacré mordant!
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J’en ai lu un autrefois, je crois que c’était Pride & Prejudice, encouragée par une cousine qui adorait… et je n’avais pas accroché.. Mais il faudrait peut-être que je retente alors !
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En version originale (vraiment, pas en anglais modernisé) c’est tres bien!
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J’avais tenté une vraie VO achetée dans une librairie de Chester ! Mais je note, je note…
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A part quelques tournures de phrases, ce n’est pas beaucoup plus difficile que l’anglais moderne.
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A une époque, j’ai lu pas mal de classiques anglophones en VO 😉 Mais le souci de ma liste de livres à lire, c’est qu’elle s’allonge plus vite que je ne lis !
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Je connais le problème aussi, bon courage! 🙂
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Moi je les ai lu en français, vu mon niveau d’anglais, et j’ai beaucoup aimé aussi, j’ai lu tous ceux que j’ai trouvé à la bibliothèque et j’ai fini par acheté orgueil et préjugés et raison et sentiments. Donc tu n’es pas la seule à aimer
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A te lire… Ca donne envie!!!
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J’espère que ça te plaira!
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Et moi qui pensait que c’était juste vieillot et chiant ! j’ai envie de les lire maintenant !!
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Ca reste quand même vieux de deux siècles, mais justement, Jane Austen se moque des conventions de son époque.
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Un grand merci pour ton billet qui m’a fait rire et qui réhabilite l’humour de Jane Austen. Je viens de faire un petit tour des billets austenien de la blogo et tu n’imagines même pas les horreurs que j’ai pu lire alors encore une fois, merci.
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Oh, c’est moi qui te remercie! Je me sens toujours un peu seule quand je défends Jane Austen. Beaucoup ne connaissent que les films hollywoodiens mièvres.
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Et ça ne va pas en s’arrangeant avec les dernières austeneries de Milady!!!!! Rejoins-nous sur la page Facebook de mon blog (Jane Austen is my Wonderland), tu verras, nous ne sommes pas seules et j’adorerais voir ton humour dans les commentaires! 😀
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Je vais voir! C’est
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