Je ne fais presque plus de billet sur le brexit, pourtant, il tient toujours une grande place dans nos vies et nos conversations. Déjà, Maricheri continue à aller à Londres, même si c’est moins souvent. On a toujours des amis en UK, on y est toujours attaché. Mais qu’est-ce que je pourrais raconter de plus sur le brexit que tout ce qui a déjà été dit des centaines de fois? Certes, les anglais (les autres britanniques le savent depuis longtemps) se sont réveillés de leurs rêves de grandeur coloniale et ils déchantent tellement qu’aujourd’hui, près de 2 sur 3 (65% selon The Independent) souhaitent rejoindre l’Union européenne. Et alors? C’est trop tard. A quoi bon ressasser?

Sauf que j’écoute toujours la radio anglaise. Pas une sombre radio locale perdue en fin fond de middle England mais LBC, qui fait partie du premier groupe de radio privée (par opposition à la BBC) en terme d’audience en Grande Bretagne. Presque tous les jours, j’y écoute le talk show le plus suivi en journée de toute la radio anglaise, BBC comprise cette fois. Tout ça pour dire qu’on n’y entend pas des pubs pour le dog groomer du coin ou un obscur marchant de bouses de vache. Eh bien mardi, ça m’a marqué. Sur 7 publicités, 4 utilisaient comme seul argument de vente, leur potentiel à lutter contre le « cost of living crisis », la crise du coût de la vie et les trois autres étaient des communications institutionnelles (sur la prévention routière). C’est à dire qu’en UK, les publicitaires n’ont plus que ça pour espérer vendre. Pas la qualité supposé d’un produit, même pas son prix, mais les possibilités de faire des économies sur autre chose en l’achetant. Mais le pire, ce qui m’a décidé à reparler du Brexit, c’est que parmi ces publicités, il y en avait une pour une bouillotte portative, pour, je cite « ne pas avoir froid chez soi alors qu’on ne peut plus se chauffer ». Ah. J’insiste, ça passe sur une radio nationale, à une heure de très grande écoute, il y a un marché énorme. Je me suis renseignée, cette bouillotte s’affiche dans la presse aussi. Ce n’est pas un produit anecdotique et confidentiel. En UK, on ne peut plus se chauffer et c’est devenu la norme.
Je pourrais vous parler des analyses du FMI ou de la Banque Mondiale sur le coût du Brexit, mais ce n’est pas ça que les gens voient, même si les conséquences micro économiques en découlent directement évidemment. Maricheri s’est rendu compte qu’il ne s’étonne même plus de voir ses collègues, en conference call, chez eux mais emmitouflés dans des grosses doudounes. Selon les chiffres du gouvernement britannique, en un an, l’électricité a augmenté de 64,5 % (pour 4% sur la même période en France) et le gas de 128% (22% ici). Selon The Guardian, l’inflation sur les produits alimentaires en Uk est de 16,7% (c’est 6,4% en France). Les taux d’intérêt sur les remboursements des mortgages (des hypothèques, il n’y a pas de prêts immobiliers comme en France) sont passés d’en moyenne 2% à 4,8 et devraient continuer à grimper, et les loyers ont augmenté de 7%. La fréquentation des banques alimentaires a bondi de 46% en un an. Je pourrais continuer longtemps. Les britanniques, à qui on avait promis monts et merveilles, sont exsangues. L’économie est à genoux et eux avec. Tout ce qui avait été balayé d’un revers de main méprisant par les brexiters, tout ce qu’ils avaient qualifié de « project fear », c’est à dire les prévisions de vrais experts économiques, en cas de brexit, est arrivé. En pire. Je ne parle même pas de la situation politique, c’est à pleurer entre incompétence, corruption à grande échelle au sein du gouvernement et lois liberticides (on n’a plus le droit de manifester en UK, ni même de penser à manifester et le gouvernement veut interdire le droit de grève, mais aussi revenir sur les congés payés, les congés maternité et j’en passe. Youpidoo).
Et pendant ce temps, un des zélotes du Brexit, l’inénarrable député et ancien ministre des « Brexit opportunities », Jacob Rees Mogg continue à défendre ce suicide économique: c’est quand même parce qu’on a quitté l’Union européenne qu’on n’est plus obligé d’assurer sa tondeuse (ce n’est ni une blague ni une exagération, il a répondu ça en interview). Effectivement, ça valait la peine de se geler, allez donc acheter une bouillotte portative au lieu de vous plaindre bêtement ou de vouloir retourner en UE. Welcome to brexitland.
En effet, sans jeu de mot sur le chauffage, ça fait froid dans le dos … Le pire est peut-être que le premier ministre ne voit comme solution à une crise sociale majeure, que la perspective de limiter le droit de grêve ! C’est à se demander si les dirigeants actuels du pays, ne cherchent pas à le précipiter dans la guerre civile … J’espère me tromper , mais c’est très inquiétant …
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Ils savent qu’ils perdront le pouvoir au prochaine élection, on a l’impression qu’ils pratiquent la politique de la terre brûlée, tout en détournant le plus d’argent possible en attendant.
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