Throwback Thursday thunder : Hands off our collective uterus


Quitte à me répéter, autant ressortir un vieux billet, de plus en plus d’actualité malheureusement.

Le droit à l’avortement est attaqué de partout, enfin on se comprend, dans les pays qui l’autorisent. Puisque je rappelle que deux tiers des femmes vivent dans des pays où l’état considère que c’est son devoir de se mêler de ce qui se passe au tréfonds de l’anatomie de la moitié de sa population, plutôt que de laisser les femmes décider par elles-mêmes, il ne manquerait plus que ça…encore un peu, et elles vont vouloir être traitées aussi bien que les hommes, tiens. Pendant que des mouvements autoproclamés féministes se déchirent entre eux (certaines n’hésitant pas à sombrer dans une ayatollisation totalement terrifiante) ou s’indignent à coup de grandes envolées lyriques sur des sujets essentiels comme l’écriture inclusive ou la pertinence de l’appellation Mademoiselle qui sont autrement plus importants que les mariages forcés de gamines pré pubères ou l’excision…je disais avant de m’énerver toute seule: pendant que des mouvements féministes brassent du vent et s’entredéchirent férocement, le droit à l’avortement est partout menacé. Aux États Unis bien sûr, mais pas que, et souvent dans l’indifférence quasi générale. Comment faire s’évaporer le droit à l’avortement comme ça, l’air de rien…et participer à l’idée que les femmes sont de pauvres petites décérébrées qui ne peuvent pas décider de leur vie toutes seules.

C’est clair qu’on va avorter comme ça, par hasard, sans y avoir pensé, sans avoir réfléchi, angoissé, agonisé des jours et des jours avant. Ah ben tiens, j’ai une heure à perdre, qu’est-ce que je pourrais bien faire? Et si j’allais avorter? Sérieusement, cette idée que les femmes, à l’inverse des hommes bien sûr, ne sont pas capables de vivre sans supervision de la société comme des enfants qui feraient mieux de laisser les adultes décider pour elles, ça m’énerve un chouïa. Je ne sais pas si ça se sent…Vous allez me dire, les pro life ne sont plus à une outrance près…déjà, rien que leur nom, comment on peut se baptiser « pour la vie » quand on revendique de laisser une femme crever d’une fausse couche plutôt que de lui permettre d’avorter? (Exemple irlandais et véridique) D’ailleurs, statistiquement, les pro Life aux États Unis sont aussi pro peine de mort, et pro armes, c’est curieux…mais je m’éloigne du sujet. Je ne comprends pas ce besoin de se mêler de la vie des autres en général et des femmes en particulier. C’est tout à fait leur droit d’être contre l’avortement si ça les amuse, ces braves gens, mais pourquoi imposer leur vue à tous et à toutes? Légaliser l’avortement ne les oblige pas à avorter eux mêmes, surtout qu’une bonne partie de ces fanatiques sont des hommes, pas franchement concernés au premier chef même si leurs filles, épouses, mère, le sont, elles.

Pendant ce temps, certaines prétendues féministes sombrent dans l‘obscurantisme total qu’elles pensent pourtant dénoncer, elles distribuent bons points et anathèmes entre elles, éructent dictats et condamnations internes, enfermées dans leurs sectarismes, en vraies idiotes utiles de ce qu’elles croient combattre. Ça n’aide pas. Du tout. Et comme d’habitude, malheureusement encore, je suis obligée de terminer avec Simone de Beauvoir: N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question.

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