Je me considère comme féministe, c’est à dire que je pense que les femmes sont des gens comme les autres. J’essaie d’élever mes enfants, garçons et filles, dans l’idée que les droits des femmes, c’est l’affaire de tous (ça rend mieux en anglais, en français, ça fait discours de miss France mal digéré). Alors quand je me suis entendue dire à ma fille, qui portait une mini robe à bretelles pour aller au collège pour la simple raison qu’elle avait chaud, de peut-être mettre un T-shirt dessous, je me suis faite peur moi même.

Je suis très perturbée, cette histoire de t-shirt ne passe pas. Mon premier réflexe de mère, ça a certes été de vouloir protéger ma fille, mais en l’empêchant de s’habiller comme elle voulait, c’est à dire en fonction de la météo. Et ça, je ne supporte pas. Je passe mon temps à leur expliquer à elle et sa sœur, qu’elles sont libres de faire comme elles veulent, et là, instinctivement, je lui ai dit le contraire. J’ai eu peur pour elle parce que je sais les commentaires que sa petite robe vont lui attirer dans le bus, à l’école…oui, ma fille à ce que je qualifie moi-même de « look de petasse », mais je ne considère pas ça comme une insulte. Je l’ai eu, ce look, bien pire qu’elle, et c’était (et c’est toujours) pleinement assumé, voire revendiqué. Après des années enfermée dans le plastique et le métal d’un corset orthopédique, effectivement, je me suis lâchée. Pour moi. Parce que je me sentais libérée, pas pour attirer le regard de connards qui prenaient ça comme une invitation au harcèlement. Je suis la première à hurler haut et fort que les femmes s’habillent comme elles veulent et que si ça dérange quelqu’un(e), c’est lui/elle qui a un problème et devrait songer à consulter. Seulement voilà, les réflexions, les insultes, et le harcèlement physique qui va avec, je m’en souviens très bien aussi. Et j’ai voulu lui épargner ça. Pourtant, je sais aussi que je ne peux pas en protéger mes filles et qu’un t-shirt n’y changera rien, mais ça me rend malade.
Quand instinctivement, je sais que Princessechipie ne peut pas rentrer en bus seule le soir alors que ces frères le faisaient au même âge, ça me rend malade. Quand Mangagirl le sait aussi, et l’explique à sa sœur, ça me rend malade. Quand elle dit qu’elle ne peut pas prendre le passage souterrain en rentrant de la gare seule après 18 heures, ça me rend malade. Quand elles mettent automatiquement, parce que c’était obligatoire dans leur école en UK, un short sous leurs jupes, ça me rend malade. Quand elles savent très bien pourquoi, à 5 ans, des enseignants leur demandaient de le faire, ça me rend malade. Alors je hurle et je tempête, après ces adultes à l’esprit pervers, après le sexisme, le machisme, pour la liberté des filles, mais j’ai peur pour les miennes aussi. D’un côté mes idéaux (qui sont aussi les leurs maintenant), de l’autre, le besoin de les protéger, autant que possible, en trahissant tout ce que j’essaie de leur transmettre. Je ne sais pas comment trancher…
Alors, avec mes encouragements, l’une est parti sans t-shirt, parce qu’il faisait vraiment trop chaud, et l’autre en petit short, fermement décidées à en découdre avec le/la premier/e qui oseraient une réflexion. Je suis très fière. Et un peu inquiète aussi. Bon après, le t-shirt aurait été une bonne idée pour éviter les coups de soleil, mais c’est un autre débat.
Ça me rend malade aussi : le soir où ma plus jeune fille (16 ans) m’a appelée, en larmes, parce qu’elle avait été suivie dans la gare par un tordu et qu’elle se faisait siffler tous les matins par les ouvriers d’un chantier municipal (elle passait en vélo et portant des jupes), j’ai été révoltée. Pour la gare, on n’a rien pu faire (il fallait déposer une plainte pour que les vidéos de surveillance soit vérifiées) à part la conduire au lycée le samedi matin car à 7h30 ce jour-là, la gare était bien vide. En revanche, j’ai pu contacter l’adjointe au maire pour le chantier et le problème a été réglé aussitôt : plus aucun regard en direction de la piste cyclable. Ma grande, en revanche, est scolarisée depuis la 2de dans un lycée de garçons (aménagements paysagers) et elle a du répondant (une seule fois, son maître de stage l’a déplacée sur un autre chantier car les ouvriers — d’une autre entreprise —dépassaient vraiment les bornes). C’est aussi l’époque où elle a recommencé à porter des jupes et à se maquiller après les années collège et l’uniforme « pantalon et grand pull informe », donc je m’en suis plutôt réjouie. Je pense qu’il y a deux points à considérer : Est-ce qu’elles risquent seulement des remarques lourdes ? Dans ce cas, si ça ne les gêne pas trop, on laisse faire. Est-ce qu’il y a réellement du danger ? (tôt le matin ou tard le soir, passages isolés…) et là, il faut les protéger en trouvant une solution alternative aux transports en commun.
Après, certains ados ont vraiment un problème à ce niveau : ma fille s’est faite siffler alors qu’elle était en pantalon-tee-shirt et que son père et moi l’accompagnions…
Et on parle des bas de jogging ceinture basse que portent certains garçons ? Presque tous les matin, j’ai une vue imprenable sur la raie des fesses d’ados, dans l’escalator de la gare. Je devrais peut-être les siffler ?
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L’âge de la 1ère insulte/agression sexuelle en France : 12 ans. C’est dramatique, effrayant consternant, révoltant. Je me renseigne beaucoup, vois les nouvelles générations qui se battent pour pouvoir être simplement Elles, s’habiller comme elles le souhaitent. Et le système patriarcal si bien ancré… J’ai parfois, comme toi, des pensées qui arrivent et je me révolte moi-même mais, comme toi, j’ai l’instinct de protection…
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Ca tourne vinaigre tout ca.
Marre, marre de se cacher. Il n’y a rien de honteux de porter une robe avec ou sans manches 😦
Triste je suis
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