Depuis que Nadal a gagné l’open d’Australie, (c’est du tennis), les articles dithyrambiques pullulent: on le gratifie du titre de GOAT, pas pour dire qu’il joue comme une chèvre, mais que c’est le plus grand joueur de tennis de tous les temps (Greatest- player-of all times, j’insiste sur le player, qui est aussi bien masculin que féminin en anglais), parce qu’il a remporté 21 grand slams. Ahaha. Et donc, 21, c’est mieux que 22, 23 ou même 24, c’est ça? Non parce que Serena Williams, Steffi Graft et Margaret Court, c’est quoi, des players de pétanque? Des players de poêles à frire? Ou de tennnis aussi?

Ça ne serait pas parce que ce sont des femmes, dont une joue toujours d’ailleurs, qu’on les oublie comme ça, si? Non mais, si les commentateurs de sports et ceux qui les suivent, étaient aussi éhontément sexistes, ça se saurait…On vous a déjà dit qui a gagné le plus de médailles olympiques dans sa carrière, aux jeux d’été? Oui, bien sûr, tout le monde a entendu parler du nageur américain Michael Phelps. Et aux jeux d’hiver? On s’en fiche parce que la neige, ça n’intéresse personne, ou parce que c’est une femme qui a le plus de médailles? (Marit Bjørgen, elle est norvégienne et fait du ski de fond). Vous savez qui a le plus de titres en athlétisme depuis la deuxième guerre mondiale? Bolt? Lewis? Non, Merlene Ottey et Allison Félix. Des femmes donc. Si vous tapez dans Google « record de titres de championnat de France de foot », ça donne directement Saint Étienne, qui a été 10 fois champion, aucune mention des joueuses de Lyon, qui ont gagné 14 fois. Quand la France a gagné le tournois des 6 nations pour la dernière fois (c’est du rugby)? En 2010? Ah non, ça c’est juste pour les hommes, les femmes ont eu le temps de le gagner trois fois depuis (2014, 2016, 2018)…Ce n’est pas la peine que je continue avec tous les sports, c’est la même chose à chaque fois.

Alors soyons clairs, je ne suis pas particulièrement sportive (j’entends L’Ado ricaner d’ici…). Je m’intéresse en spectatrice à certains sports, mais d’autres ne me provoquent au mieux que des bâillements, et je préfère caresser des oursins à main nue plutôt que d’aller en voir d’autres. Mais le sexisme de ce milieu et de ceux qui le suivent, à commencer par les journalistes, m’horripile . Le machisme des commentateurs sportifs est olympique aussi. Entre ceux qui se permettent des réflexions à la subtilité d’une enclume néandertalienne sur le physique des sportives, ceux qui commentent leur vie privée, ceux qui parlent de leur tenue plutôt que de leurs performances, et ceux qui donc, les ignorent simplement, c’est à hurler de rage.

Pour en revenir à Nadal, j’ai un peu de mal à croire que ceux qui se pâment devant ses 21 titres, n’aient jamais entendu parler de Serena Williams. Je veux dire, si on suit un peu le tennis de ces dernières années, comment a-t-on fait pour ne pas la voir? Surtout qu’elle a participé assez souvent aux mêmes tournois du grand chelem que Nadal. Elle est moins pacifiste aussi, j’attends le jour où elle croisera un de ces journalistes qui méprise tellement le sport féminin. Je suis sûre qu’elle se fera un plaisir de lui expliquer, à coup de raquette dans la gueule si il le faut, et on verra alors ce qu’il pense du sport féminin. Non mais.