Thursday thunder: les « conseils » et les enfants en vacances


Attention , je ne suis en colère ni contre mes enfants (qui n’ont vraiment rien à voir avec les pauvres gamins dont je vais parler), ni contre les vacances ou même les vacances de mes enfants. Non, je suis énervée après la multitude d’articles, posts et autres recommendations qui tombent sur les parents d’enfants en vacances. On est littéralement assailli par des tombereaux d’articles originaux, traitant tous du même sujet: « comment occuper ses enfants en vacances ». On croule sous une foultitude de conseils d’experts autoproclamés qui n’ont pas forcément d’enfant eux-mêmes mais qui ont lu des livres, ou qui ont bien des gamins, mais qu’ils croisent par hasard quand la nounou est en congés. Ces braves gens, sous prétexte de rendre service à de pauvres incapables comme le sont forcément les parents moyens qui n’ont pas leur science innée de la pédagogie bienveillante et font juste ce qu’ils peuvent, ces braves gens donc, font tout pour nous culpabiliser et pourrir par la même occasion les vacances de nos enfants. Évidemment que j’essaie que mes enfants soient occupés, pas pour qu’ils deviennent bilingues en mandarin ou champions d’échecs en trois semaines, mais pour qu’ils s’amusent et aussi beaucoup pour avoir la paix. Je n’ai pas du tout l’intention de me transformer en animatrice de colo hyperactive 24/7 pour « occuper mes enfants ». C’est quoi ce délire?

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Alors donc, tous les parents sont évidemment des chefs étoilés qui n’ont rien à envier aux cuisiniers primés au Michelin. On a aussi des cuisines équipées comme un labo de la NASA et nos enfants sont tous des petits anges qui ne cassent jamais rien et rêvent de nous aider à confectionner de délicieux sorbets au chou kale. Avec de l’eau de source himalayenne bien sûr. Bref, il paraît que pour occuper ses enfants en vacances, il faut absolument réaliser quotidiennement avec eux de merveilleux repas maison qui prennent trente ans à faire et demandent un budget digne du PIB d’une puissance moyenne. Ça ne va pas du tout ennuyer ses pauvres gosses qui vont être ravis, après trois heures à éplucher à la main des grains de manioc fermier de brouter leur bouillie infâme chef d’œuvre culinaire. Ou sinon, on peut faire des cookies, de temps en temps, parce qu’on n’a pas non plus envie de repeindre la cuisine tous les 4 matins, en rigolant quand on flanque de la farine dans les cheveux de PrincesseChipie, mais c’est pas grave, Marcel le chat a déjà cassé un œuf…

On doit aussi organiser « l’espace extérieur », si. Les parents qui flanquent bêtement leurs gosses dans le jardin et les laissent s’ébattre gaiment dans l’herbe à jouer au foot ou à construire une cabane sont des monstres. Des bourreaux d’enfants. Il faut aménager des plages de jeux moteurs, de découverte de la nature (mais une nature bien propre, aseptisée, sans truc qui pique, qui vole, qui fait bzzz, sans boue, et ergonomique. Avec des protections en mousse, c’est encore plus naturel), d’exploration sensorielle, et de je ne sais plus quoi parce que j’ai arrêté de lire à « fournissez à votre enfant l’espace, le cadre et les éléments pour qu’il laisse libre cours à son imagination », vu que ça me parait totalement contradictoire mais je ne suis pas une experte, je suis juste une maman. Ou sinon, on peut les laisser jouer à s’éclabousser au jet d’eau en hurlant de rire pendant tout l’après midi. Ça a beau n’être ni de la pédagogie bienveillante ni une activité Montessori, ça n’a pas l’air de les traumatiser.

Tout parent normal a évidemment aussi dans un rayon de 10 kilomètres de chez lui une bonne centaine d’expositions éducatives auxquelles traîner ses gosses tout l’été, surtout en ces temps de pandémie. C’est clair que nos enfants rêvent de passer 4 heures par jour, tous les jours à s’extasier dans le musée du papier peint ou à suivre une conférence sur l’évolution des tondeuses à gazon aux travers des âges (exemples véridiques). Vous allez voir comme ces chers petits vont vous remercier après de les avoir si bien occupés! Sans compter qu’entre les jeux d’extérieur, les ateliers cuisinés, macramés, peinture sur soi (sans E), yoga, et flûte de pan, il a fallu les lever à 3 heures du mat, au moins. En plus, c’est bête, on a fait un superbe emploi du temps pour ses chers petits, avec présentation PowerPoint et tout, et on a oublié les pauses pipi…oups!

Sérieusement, ce n’est pas des vacances ça, ni pour les enfants ni pour les parents! Ayant des enfants d’âge divers sous la main, je leur ai demandé ce qu’ils en pensent. Les ados m’ont claqué la porte de leur chambre au nez. Même le plus jeune, il trouve que ça va bien comme ça maman, t’es gentille mais tu devrais aller jouer dans ta chambre au lieu de marcher sur mes legos. Ce n’est pas qu’ils n’aiment pas les activités ni les sorties familiales (et on en fait beaucoup!), mais c’est qu’ils ont aussi besoin de temps pour eux. C’est les vacances, ils veulent pouvoir rester une heure dans le jardin à empiler des brins d’herbe pour construire un nid pour les coccinelles en toute tranquillité, sans qu’on vienne les déranger. Ils n’ont pas du tout envie que je débarque avec un emploi du temps millimétré et quasi militaire d’activités ludiques meeeerveilleuses qui vont juste les ennuyer autant que moi. L’idée, quand je dis que je veux qu’ils s’occupent, c’est plutôt qu’ils s’amusent tous seuls, rient, paressent, rêvent, bref, profitent des vacances et que Marichéri et moi ayons une paix royale pour prendre un café. Tout le monde est content comme ça.

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8 commentaires pour Thursday thunder: les « conseils » et les enfants en vacances

  1. petitdiables dit :

    ahah, tu m’as bien fait rire!

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  2. Euh j'ai honte je le divulgue pas dit :

    Rha je suis une mère indigne !!
    Le mien (enfant unique donc limite je devrais avoir honte….) se garde seul à 11 ans et demi (et depuis un moment 😇).
    Et quand il m’appelle au boulot pour me dire qu’il arrive pas à ouvrir le tupperware pour midi, je lui réponds qu’il y a du jambon et des chips…
    Et dire que bébé je ne le nourrissais QUE de fait maison Bio…
    Et quand il s’ennuie, je le laisse devant la console le temps de faire une petite sieste ..
    Et quoi ??? J’ai même pas honte…
    Comme on dit AVANT J’avais des principes, maintenant j’ai un enfant…

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  3. synyc dit :

    Je ne sais pas si tu connais une BD qui s’appelle « Calvin et Hobbes », mais ta chronique m’a donnée envie de la relire. Quant aux bons conseils d’éducation ce qui est toujours étonnant c’est qu’ils partent du principe que l’enfant va être d’accord avec tout et être reconnaissant de toutes ces bonnes initiatives. Trop drôle…. D’ailleurs à la fin de l’été l’enfant dit à ses parents « merci d’être des parents si concernés par mon bien être, il me tarde de voir le programme des prochaines expositions ! » en tout cas bonnes vacances à tous, adultes et enfants

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  4. L’amplitude d’âge de mes enfants n’est pas aussi importante que chez toi mais j’approuve à 100% : ils ont de super souvenirs de journées à s’arroser au tuyau entre cousins (pendant que je refaisais le monde avec mon beau-frère en sirotant une limonade sur la terrasse.. à l’abri ! ), de cabanes improvisées au fond du jardin, de films regardés avec ou sans les adultes, de temps passé à faire ce qu’ils veulent tranquillement… Parce que le temps à « ne rien faire », c’est aussi du temps pour eux pour se construire intérieurement, faire ce qui leur plait vraiment à eux (et qui ne convient pas forcément aux autres), et se reposer aussi un peu !
    Et ça n’empêche pas les réalisations de crêpes ou de gâteaux à plusieurs mains, ça n’empêche pas les balades tous ensemble et les sorties culturelles, ça n’empêche pas de passer du temps avec eux… ça laisse juste à tous un espace suffisant pour que chacun profite de ses vacances, passe de bons moments et en garde de bons souvenirs !

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