Apprendre moyennement l’histoire anglaise en s’amusant: episode I


Dans un soucis d’égayer un peu l’ambiance et parce que je me suis transformée en salle des profs à moi toute seule depuis trois jours, j’entame une nouvelle rubrique spéciale confinement. Les plus anciens (lecteurs je veux dire, ça n’a rien à voir avec l’âge, on a tous 4 ans et demi, non? ) connaissent ma manie de massacrer l’histoire d’Angleterre. Je me suis dit que c’était l’occasion d’y aller à fond, ça me détendra et ça vous amusera peut être (j’espère, c’est le but), parce que franchement, côté pédagogique, soyons honnêtes, c’est pas ça…

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Commençons originalement par le début et la préhistoire. Enfin, pas trop loin non plus, parce que vraiment, je n’y connais absolument rien. Autant prévenir de suite. Alors donc, l’Angleterre et ses alentours comme ça, à première vue, c’est sur une île. Et même une île déserte au départ, parce qu’avant -800 000 à peu près, il n’y a personne. Ça commence fort, on s’ennuie déjà. Sauf que détail troublant, à l’époque, justement ce n’est pas encore une île, je sens que ça va être simple. La Grande-Bretagne est rattachée par une espèce de pont de terre au reste de l’Europe, comme quoi, les hommes préhistoriques étaient moins sectaires que certains électeurs d’aujourd’hui. Je vous passe les détails, les premiers humains modernes arrivent donc par cette bande de terre en -800 000, et se soucient de créer une nation comme de leur première peau de mammouth.

Ces vrais anglais, ces autochtones british, ces locaux d’origine ne sont absolument pas les ancêtres des brexiters nationalistes. J’irais même jusqu’à dire que les politiciens agités et les tarés xénophobes anglais sont en fait des descendants de migrants en tout genre, de vrais petits melting pots à eux tous seuls. Il n’y a vraisemblablement pas de descendant des premiers habitants de toute l’île. Et toc. C’était déjà soupçonné par les historiens voilà que c’est prouvé par les généticiens. Ça ne plaît pas à tout le monde. C’est sûr que ça doit faire un choc de passer son temps à hurler après les étrangers et de se réveiller un beau matin en apprenant qu’on est soit même issu de migrants alors que les vrais anglais de souche, les premiers habitants préhistoriques du pays,  ont disparu depuis longtemps.

On sait aujourd’hui que la population britannique d’origine dans son ensemble a été entièrement remplacée d’un coup (je ne sais pas si ils sont partis tous seuls ou ont été poussés à la mer …) il y a 44 500 ans par des migrants venus d’Europe continentale, qui n’ont pas hésité à prendre le job de chasseur de mammouth des locaux, à leur piquer leurs allocations de silex, peut-être à ricaner sournoisement depuis leur grotte sociale (comme les logements sociaux) donnée d’office pendant que les pauvres vrais anglais grelottaient dehors et disparaissaient. En tout cas, ça fait des années que les brexiters nous expliquent qu’il n’y a rien de mieux à attendre des sales migrants européens qui réussissent l’exploit de prendre le boulot des honnêtes xénophobes et leurs allocations chômage en même temps. Manque de chance, l’ADN a parlé comme dans les séries policières, et les descendants de ces immondes profiteurs venus d’ailleurs, ben ce sont les anglais modernes. Je me demande ce qu’ils attendent pour rendre mammouth, silex et grotte et dégager fissa tiens, ces enfants de squatteurs étrangers. Go back where you come from et tout ça! Mais il y a mieux. Voilà que grâce au squelette d’un de ces premiers habitants (qui ont donc été lâchement remplacés par des migrants), gentiment surnommé Cheddar Man, et notamment grâce à l’ADN prélevé dans son crâne, les scientifiques peuvent affirmer que les premiers hommes vivants en Angleterre avaient les yeux clairs et la peau très foncée voire noire. Les vrais anglais pure souche étaient noirs. Certains racistes ne vont jamais s’en remettre. On a même fait un modèle en cire de Cheddar Man avec une coiffure mi rasta mi afro mi Chewbacca du plus bel effet. C’est là que je me dis que capillairement parlant, je ressemble beaucoup plus à une anglaise d’origine que les brexiters.

A part ça, franchement, à l’âge de pierre, il ne se passe pas grand-chose en Angleterre. On s’ennuie carrément. Déjà qu’il n’y a pas grand monde, ils ne font rien d’exaltant non plus. C’est d’un terne tout ça…il commence à y avoir des fermes, on domestique des cochons. Les néolithiques, probablement pour s’occuper un peu, se mettent à construire des remparts en terre. On ne sait pas trop pourquoi. Est-ce que c’était des fortifications pour protéger des habitations ? Est-ce que ça avait un intérêt religieux ou militaire ? C’était pour un pari ? Surtout que la terre et la boue, à force, c’est salissant. Du coup, ils se décident enfin à passer à la pierre pour leurs monuments funéraires. Encore aujourd’hui, les anglais n’hésitent pas à se glorifier des tumuli de New Grange, leur alignement avec le soleil, leurs entrelacs compliqués de motifs sculptés dans la pierre, leurs chambres funéraires. C’est vrai que c’est remarquable. C’est aussi très en Irlande. Il n’y a pas d’équivalent aussi remarquable en Angleterre ( j’ai déjà parlé de Stonehenge, je n’y reviens pas surtout qu’on ne peut plus sortir). Avant que leurs descendants s’attribuent honteusement ce qui n’est pas à eux, les premiers futurs anglais continuent d’évoluer. Non seulement tous ces braves gens arrivent du continent, mais ils commercent avec, ils y puisent leurs traditions, leurs religions, leurs avancées technologiques, leur modèle d’habitat… Je dis ça comme ça, sans faire aucune remarque sur les brexiters, ce n’est pas mon genre mais ils étaient très intégrés au continent. Il semblerait même qu’une des tribus préhistoriques les plus avancées d’Angleterre, les beakers people, connus pour leurs porteries rondes, étaient en fait des touristes ibériques égarés…

On passe maintenant à l’âge de fer, l’iron age. Ça n’a rien à voir avec Margaret Thatcher, même si elle avait des airs de T-Rex déplumé. On parle de la période pré-conquête romaine, juste avant Astérix chez les bretons, par là. Les tribus s’organisent, et donc commencent à se taper dessus entre elles. Ces braves gens sont celtes comme les Irlandais et les Ecossais d’aujourd’hui, pas du tout comme les anglais modernes donc. Ils construisent plus de 300 places fortifiées dans tout le pays dont une de plus de 18 kilomètres carrés à Colchester, dans l’Essex. Je ne dis pas ça pour crâner, mais on vivait dans le coin (pas à l’époque. Je préfère préciser quand même). C’était le plus grand centre de peuplement permanent de l’île, puisque beaucoup de places fortifiées n’étaient pas occupées toute l’année. On pense qu’elles accueillaient des marchés ou des cérémonies religieuses qui y attiraient des foules, mais elles se vidaient presque entièrement une fois les festivités terminées. Toute cette activité est le fruit des…vous avez rire, migrants européens, qui arrivent par vagues successives. Pour la plus grande joie des archéologues, ils commencent à se faire enterrer avec tout leur bardas, leurs armes, leurs trésors, leurs bijoux. C’est vraiment sympa d’avoir pensé à la science des siècles avant.

Il y a environ 2 millions habitants dans toute la Grande Bretagne vers l’an zéro, et presque autant de clans, c’est dire si on s’éclate, littéralement. Les celtes britanniques avaient la manie de se disputer entre eux, comme leurs petits cousins gaulois, et de se peinturlurer avant les batailles. Pour peu qu’ils mettent du bleu, ça fait mêlée de schtroumpfs…on se demande bien pourquoi les rugbymen anglais jouent en blanc maintenant. Et pourquoi les brexiters se disent britanniques, puisque même leur nom est une invention d’un migrant européen. Il leur a été donné par un marseillais, un certain Pytheas qui était en vacances dans le coin vers -320. Je ne sais pas moi, il souffrait peut être d’allergie au soleil et cherchait un endroit frais… en tout cas, il décide pour une raison obscure de dire à ces potes qu’il se balade en Prettania, qui deviendra Britannia puis Britain. Je ne suis pas sûre que les brexiters apprécient qu’on les traite de prittaniques, même pour faire plus authentique. Enfin bref, ça se traine tout ça, ce n’est pas que le temps passe, mais César et ses légionnaires à jupette s’impatientent…

On va donc s’arrêter là pour aujourd’hui, si ça vous a amusé, rendez-vous demain ou la semaine prochaine (ça dépendra de mon humeur) pour l’épisode II, et prenez bien soin de vous!

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12 commentaires pour Apprendre moyennement l’histoire anglaise en s’amusant: episode I

  1. nannie06 dit :

    Merci ! Bon courage pour l’école à la maison.

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  2. Oh oui, vive l’histoire par Pomdepin ! (depuis le temps qu’on réclame, on avoir la série…. youhou ! )

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  3. carrie4myself dit :

    Tatcher en TRex deplume: excellent!
    xx

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  4. Anonyme dit :

    Vivement la suite, j’adore votre façon de raconter 🙂

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  5. Cilou dit :

    J’adore ! Merci !

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