Thursday thunder : think through parenting


J’étais mal réveillée de bonne humeur ce matin et paf, je suis tombé sur un article qui parle du think through parenting, littéralement « éduquer ses enfants en réfléchissant »…euh, comment dirais-je? Comme ça, de prime abord, le côté révolutionnaire m’échappe un peu. Du coup, je suis allée voir. Je n’aurais pas dû. Parce qu’évidemment, ce n’est pas juste éduquer ses enfants en réfléchissant, il y a des subtilités. Ou pas.

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Je ne dis pas, peut être que le journaliste n’a rien compris, ou que c’est moi qui suis trop obtuse. Peut-être que c’est extrêmement vulgarisé au point d’être un chouïa dénaturé. Peut-être. Parce que le moins qu’on puisse dire, c’est que ça ne m’a pas convaincu. Alors donc, quand le petit Jayzhôn-Hubert fracasse la tête de sa petite sœur Hildegarde-Mauricette avec un marteau, il ne faut surtout pas gronder le cher enfant, mais attendre calmement qu’il ait fini d’exprimer ses sentiments à coup d’objets contondants, puis le féliciter chaudement quand il s’arrête. Voilà. Mettez-vous un peu à la place de Isengrin-Paolo, ce petit ange aussi! Pensez à lui, il a bien le droit d’extérioriser sa colère, sa frustration, sa jalousie, ses élans meurtriers, ses interrogations sur le sens de la vie. Au lieu de gronder bêtement Oceanie-Yvette pendant qu’elle égorge le chat du voisin pour voir si il fait de la musique, réfléchissez à ce qu’elle exprime. Si. Et ensuite, quand l’adorable gamine cesse, vous l’applaudissez, c’est très bien ma chérie, tu as arrêté de faire une bêtise. Youpidoo. Les pseudo psycho-machins cités dans l’article expliquent doctement que c’est efficace, mais aussi épanouissant, pour l’enfant comme le parent totalement déresponsabilisé. Je ne sais pas si ça se sent, mais j’ai comme un léger doute…

Je ne me moque pas juste comme ça, parce que je suis une mère de famille récalcitrante à la modernité, mais parce que j’ai observé de très près les effets de ce genre de méthode, non pas sur mes enfants, qui ne sont pas des cobayes sur qui n’importe quel gourou auto proclamé de la parentalité peut tester ses dernières lubies, mais sur les élèves, en Angleterre. Enfin bon, j’ai toujours résisté aux consignes éducatives locales. Je l’ai déjà dit, en Angleterre, on ne récompense pas un élève qui travaille bien ou fait des efforts mais celui qui cesse momentanément un comportement parfois agressif. Le gamin qui frappe tout le monde à la récréation deviendra le héros distingué par les adultes, le jour où il n’aura mordu personne pendant 5 minutes. Celui qui ne fiche rien sera applaudi quand il cessera de baver sur son cahier de math et daignera écrire « prout  » alors que les autres y font des équations. Et ceux qui travaillent, ceux qui s’appliquent de tout leur cœur, ceux qui écoutent, qui sont sages, qui sont bons camarades? Rien. C’est arrivé à GeekAdo, ça a été tellement efficace de l’ignorer et de le flanquer au fond de la classe sous prétexte qu’il était bon élève qu’il a été dégoûté et ne voulait plus aller à l’école. Cette pédagogie pétaradante produit tant les effets inverses de ceux espérés qu’on opère un virage à 180 degrés dans pas mal d’écoles anglaises depuis peu pour revenir à des méthodes plus traditionnelles. Parce que les enfants ne sont pas idiots, ils comprennent très vite que pour avoir l’attention des adultes, il suffit de faire le guignol et que ça ne sert à rien d’être sage et attentif. Il vaut mieux être destructeur et paresseux, on gagnera un bon point juste en arrêtant de l’être une fois de temps en temps. Les enfants ne sont pas stupides.

Je n’ai jamais appliqué ces méthodes, ça passait au prétexte que je faisais de la « pédagogie à la française ». En cours de français, ça faisait immersion culturelle. Une inspectrice avait été ébahie: non seulement il n’y avait pas de bazar dans ma classe, à par celui que j’y mettais moi-même, mais les élèves travaillaient, s’amusaient et avaient l’air de m’adorer. Ben oui, ça s’appelle le respect mutuel. Je ne les prends pas pour des abrutis. C’est pareil à la maison. Je ne considère pas que mes enfants, même petits, soient des imbéciles incapables de comprendre « non » ou de s’exprimer autrement que par des comportements violents et je ne vais certainement pas rester à les admirer sans rien dire si ils décident de tester la comestibilité de la litière du chat, pour ensuite les féliciter quand ils auront cessé de s’empoisonner. Évidemment, c’est moins drôle et gratifiant de poser des limites à son enfant plutôt que d’être dans la béatitude permanente, mais c’est ça aussi, être parent. Sérieusement, essayez de leur dire non une fois, au petit Rocky-Firmin et à la charmante Rainbow-Ermentrude, ça va faire du bien à tous!

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8 commentaires pour Thursday thunder : think through parenting

  1. juneandcie dit :

    Ils appellent ça « l’éducation bienveillante » ou le « stop adulting ». Et ça me fout les nerfs en pelote. Donc merci pour cet article je me sens moins seule.

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  2. Je partage largement ton avis… Et on peut être bienveillant tout en posant des limites, donnant des interdits et se fâchant si nécessaire ! C’est un peu plus fatigant dans l’immédiat que de laisser tout faire, mais à moyen terme, qu’est-ce-que c’est gratifiant !

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  3. Sarah MARTIN dit :

    Si je suis à la recherche d’un prénom, je me référerai à cet article aux références des plus enrichissantes….Hilarants, ça fait du bien!

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  4. carrie4myself dit :

    Je ne peux qu’approuver ton article; en donnant des cours a domicile, je peux voir les comportements des parents et ne m’étonne du coup plus trop de certains comportements des gamins…..

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  5. Claire dit :

    « daignera écrire « prout » alors que les autres y font des équations »
    ==> Et voilà, encore un moment de solitude à rire devant mon PC au boulot… Oui je fais des pauses Pom de Pin!!! ;-D

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  6. Christine dit :

    Eh ce que vous avez lu ça doit être genre éducation positive. Moi qui suis une ancienne dans un métier de la petite enfance avec 35 ans de recul je trouve que les enfants d’aujourd’hui sont souvent beaucoup plus angoissés qu’avant. Je ne change pas de façon radicale de leur expliquer les choses mais quand c’est non c’est non et je dis très souvent aux jeunes parents que je rencontre que c’est une preuve d’amour de dire non et que le cadre est très important ainsi que la frustration. Je dis aussi que quand Marcelle Joséphine tape sur la tête de Mireille Cunegonde c’est vrai que ce nest pas pour faire mal, que c’est une façon d’entrer en relation qui peut se faire autrement.

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  7. Nae dit :

    Cela me rappelle grandement un article lu fans un journal français, de mémoire, d’une illustratrice qui prônait l’arrêt des violences physiques et psychologiques sur les enfants.
    Alors les violences physiques (fessée, claque, etc), soit. Mais dans les violences psychologiques, elle incluait les « finis ton assiette de haricots » ou « vas réfléchir dans ta chambre à ton comportement » qui était ‘humiliant’ pour l’enfant. Et pour appuyer son propos, elle dessinait ce genre de situations, si elles s’en produisaient entre deux adultes, pour montrer à quel point il étaient humiliant d’être obligé de finir son assiette si on imaginait un mari et une femme par exemple.
    Ce que je trouvais parfaitement valable… entre deux adultes, dans une relation d’égalité, c’est aberrant. Mais un enfant et un parent sont dans une relation d’autorite pour lui inculquer des valeurs… et parce que le parent sait ce qui est bon pour l’enfant, théoriquement ! Cela m’avait désespéré… et je n’au pas d’enfant.

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  8. celine49 dit :

    Moui ce que tu dis me fait penser au comportement de certains parents à l’école… il faut respecter l’enfant (certes je suis d’accord avec ça) mais ça ne veut pas dire que l’enfant lui ne doit rien respecter !!
    Chez nous on reconnaît les enfants de ces parents permissifs (j’allais écrire démissionnaires) au nombre d’activités faites par les enfants. Bizarrement les parents les inscrivent partout au lieu de s’en occuper… ça m’a toujours surpris !! Bisous

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