Lost in translation


Ça m’énerve. Au cours d’une discussion avec ma copine Cécile (de Zenopia) ce matin, je me suis emmêlée toute seule alors que j’étais persuadée de faire une remarque intelligente parce que je n’ai pas su traduire un mot anglais. Du coup,  j’ai fait un flop total et aucun sens, à mélanger tout comme ça. C’est pas malin. Ça m’arrive souvent en plus, je reste bloquée en plein milieu d’une phrase…euh, comment on dit en français? Forcément, ça ne pose aucun problème avec Marichéri (qui est pire que moi) ou les enfants, on parle un franglais familial assez bizarre et on en est très content. Quand on s’en rend compte, ce qui est rarement le cas parce que c’est instinctif. Comme ce matin. C’est devant l’incompréhension toute à fait naturelle de Cécile que je me suis rendue compte que ça n’allait pas. Et là, gros blocage….rhaa, comment on dit en français?  


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Ça m’arrive beaucoup plus souvent qu’à mes enfants. Eux sont vraiment bilingues. Ils mélangeaient les deux langues sans le vouloir quand ils étaient petits parce qu’ils ne faisaient pas la différence entre les deux. Quand ils demandent comment on dit quelque chose en français, ce n’est pas qu’ils l’ont oublié, c’est qu’ils ne l’ont jamais su. Son premier jour en preschool (quand j’étais obligée de rester avec lui parce qu’il hurlait), WizzBoy est resté interloqué devant la dînette quand une animatrice lui a dit de prendre « a plate »… Ben oui, il ne connaissait que le mot qu’on utilise à la maison, assiette. Vers 3 ou 4 ans, les enfants bilingues comprennent qu’il y a deux langues et souvent deux mots pour la même chose et ils apprennent instinctivement les deux en même temps. Bref, mes enfants sont bilingues. Pas moi. Je parle anglais couramment, naturellement, sans y réfléchir (et ça s’entend, Ahaha), je rêve en anglais. Je fais de l’humour en anglais. Je m’énerve (beaucoup) en anglais. Je jure en anglais. Mais j’ai  toujours un accent français (du sud ouest en plus). Bébé, j’ai appris à parler avec une seule langue, j’ai grandi avec une seule langue, même si toute ma vie d’adulte s’est faite avec deux. Du coup, je ne traduis pas aussi facilement que le font mes enfants. Pour eux c’est automatique, c’est comme ça depuis qu’ils ont dit leurs premiers mots. Mais pas moi. J’ai dû faire de très forts efforts au départ pour passer à l’anglais (surtout que quand je suis arrivée en Irlande je rentrais à peine du Mexique…), ça a dû pousser des mots français derriere, au fin fond de mon petit cerveau fatigué.

 Rhaaa, comment on dit en français? Il y a aussi tous ces mots qui n’ont pas exactement le même sens d’une langue à l’autre. La différence est parfois infinitésimale mais elle est là, et ça me contrarie de perdre un peu de la subtilité du mot en traduisant. Sans compter le nombre de fois où il n’y a pas de traduction et il faut passer par une longue phrase pour expliquer un petit mot. En tout cas, c’est ce que j’ai fais ce matin matin…la discussion n’y gagne pas en clarite. Et bien sûr, pour compliquer encore un peu plus et je l’ai déjà dit: on ne pense pas exactement de la même manière dans les deux langues, qu’on soit bilingue de naissance ou qu’on parle et vive couramment une autre langue que sa langue maternelle. Certes, c’est une toute petite nuance, pas un dédoublement de la personnalité mais c’est  pas ça qui va m’aider à faire du sens! Rhaaa, comment on dit en français? 

Sérieusement, c’est quoi la traduction de bully? Vous savez, les gamins qui embêtent les autres à l’école, et par la suite les adultes qui ont gardé ce comportement de cour de récréation, ceux qui essaient  de passer en force, d’intimider, mais pas en étalant leur science? Visiblement, bullying se traduit par harcèlement scolaire, ça ne me plait pas du tout. Par exemple, on ne peut pas dire que Boris, l’ébouriffé ministre des affaires étrangères (ou étranges d’ailleurs) a une politique internationale de harcèlent scolaire, ça ne fait pas de sens. Alors que dire, he is talking like a bully, c’est très clair. En tout cas pour moi. Rhaaa, ça m’énerve…

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45 commentaires pour Lost in translation

  1. froggymums dit :

    je vais être impolie, mais c’est un chieur, bon ok ce n’est pas le mot non plus, mais j’accord à dire que harceleur est vraiment pour le gosse qui continuellement humilie ou tape, ou raquette un autre enfant. Turbulent ?

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    • froggymums dit :

      après je te comprends, parlant pourtant pas bien l’anglais, j’en viens quand même à perdre des mots français, ceux qu’on n’utilise pas souvent, du coup on cherche c’est chiant lol, mais tu sais ce mots pour dire ça, mais c’est pas ça, bref je pense que ça fait partie des joie de l’expatriation. Et je parle pas des enfants qui m’invente des nouveaux verbe en français ou de nouveau mots c’est sympa. J’ai remarqué que même si on parle beaucoup français à la maison, pour certaine chose on les dit en anglais, mots plus court, plus simple à prononcer..

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    • pomdepin dit :

      J’aime beaucoup ta traduction!

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  2. Bernieshoot dit :

    un caïd ? un petit chef ? un meneur ?

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  3. Anonyme dit :

    Un tyran?

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  4. anne35blog dit :

    Quelle chance ont les enfants bilingues!

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  5. carrie4myself dit :

    Je ne te raconte pas ma venue a Villeurbanne pour 1 mois pendant ma thèse. Je ne connaissais que les termes anglais, scientifiques… ce fut tres galère.
    Et les expressions ne sont pas forcement traduisibles d’un pays a l’autre (même entre la Belgique, la France, le Quebec etc…) so do not worry, you’re ok 😀
    Traduc de Google: he is talking like a bully = Il parle comme un intimidateur

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  6. dhelicat57 dit :

    Une chance qu’ont tes enfants d’être bilingues … Nous c’est qu’on les oublie les mots anglais à force de ne pas pratiquer et ça m’énerve aussi l’impression de perdre ces acquis … Bon on a donc appris un mot grâce à toi! Gros bisous

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  7. zenopia dit :

    Mais j’étais dans le cake aussi ce matin 😉

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  8. Le mot que tu cherches ne serait pas « turbulent » ? 🙂

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  9. Catherine in Switzerland dit :

    une brute? mais butor me plait bien

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  10. Lucile dit :

    Je suis loin d’être bilingue, bien au contraire mais pour moi « bully » n’a pas vraiment d’équivalent en Français. Le mot le plus proche serait « harceleur ». Sauf qu’il n’y a pas, à mon sens, la nuance qu’apporte le mot anglais. To bully, je le vois dans le sens d’asticoter les gens, les faire chier quoi, continuellement, juste comme ça, par plaisir (sadique), à la moindre occasion.

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  11. Mariel75 dit :

    Pour moi, dans la phrase que tu proposes le probleme de la traduction est plus profond: le terme de « bully » ne serait pas utilisé dans ce cas lá en francais. je dirais qu’il est aggressif, qu’il met la pression sur les autres (peut etre?) mais pas je ne comparerais pas son attitude a du harcelement scolaire. D’ailleurs, on utilise le terme de harcelement scolaire ou moral, alors que bully ne se traduit pas par harassment. Bref, c’est l’idee plus que le mot qui me semble difficile a traduire.

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    • pomdepin dit :

      C’est ce que je voulais dire, parfois on est obligé de passer par une longue périphrase dans une langue pour expliquer un petit mot dans l’autre. Je n’ai pas d’exemple en tête, mais ça marche dans l’autre sens aussi.

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  12. Quand même, je t’admire : caser le mot ‘infinitésimale’ dans un billet de blog, pour quelqu’un qui a peur de se planter en français, chapeau !

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  13. Margarida dit :

    Coucou,

    Oui, je reviens, enfin, voilà, je ne sais pas… je me suis un peu éloignée des blogs ces derniers temps 🙂
    Je voulais juste te dire que je ne suis pas sûre que cela t’arrive parce que tu n’es pas une vraie bilingue (à différence de tes enfants, comme tu le dis). Cela m’arrive aussi, très souvent, parfois même entre le catalan et l’espagnol, je crois que c’est parce que notre cerveau va plus vite que notre langue (la langue dans la bouche quoi 🙂 !). Mais je suis bien d’accord pour dire que c’est chiant et rageant… !

    Des bisous, Pom de Pin, que je sois moins présente ne veut pas dire que je t’oublie !

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  14. Je vois ce que tu veux dire pour le franglais, j’en est des exemples régulièrement avec ma soeur, sauf que je ne relève pas plus que ça puisque je comprends. C’est après coup que je réalise que les mots n’étaient pas tous français… ou alors que c’étaient des francisations de mots anglais façon novlangue !
    Bref, pour en revenir à « bully », je crois qu’il n’y a pas de traduction en français, et que c’est bien pour ça que cela te pose un problème !… « cador de cour de récré » dans la phrase que tu mets en exemple peut-être ? (mais je ne suis pas forcément convaincue…)

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    • pomdepin dit :

      Il m’arrive souvent quand je veux citer quelque chose de ne plus me souvenir en quelle langue je l’ai lu ou entendu. C’est frustrant. Pour bully, je pense qu’il n’y a pas de tradition exacte, on tourne autour, mais on y perd toujours un peu.

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  15. Je suis bien d’accord, il y a des mots que je n’arrive pas du tout a traduire du francais a l’anglais et vice versa! Les petits bonheurs de parler deux langues couramment! 🙂

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  16. Tara B. dit :

    En tout cas grâce à ton billet tout cela gagne en clarité (ouh qu’il m’a plu ce lapsus-là. C’est vrai que clarity c’est tellement mieux ;-)). Et je compatis, c’est vrai que c’est pénible toutes ces petites différences de nuance qui font qu’un mot n’est jamais la traduction exacte d’un autre (enfin, à part plate évidemment). Mais tu t’en sors pas mal par ici 😉

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  17. Agdel dit :

    Si ça peut te rassurer, il m’arrive souvent de chercher un mot en français, de plus en plus même (Alzheimer, déjà ?)

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