Thursday thunder: don’t call me Leon 


Je ne fais pas exprès de piquer des crises à propos de l’image des expats vue de France, vraiment, mais je reçois des liens! C’est très gentil. Il s’agit encore une fois d’un article, ici mais pour une fois je n’ai rien à y redire, je le trouve même très bien.  Non, ce qui m’a fait tomber de mon canapé (puisque je rappelle que les femmes d’expats vivent dans un monde doré d’oisiveté et de luxe….je me suis fait avoir), c’est ce que raconte l’article. Il  revient sur une initiave pétaradante qui a débuté en 2015. Ça s’appelle ReviensLéon, et leur slogan, qui ne sent pas du tout le ravioli moisi est évidemment : « reviens Léon, on innove à la maison ». J’en ris encore. C’est évident pour s’adresser aux français partis monter leur Start up à l’étranger, il faut les prendre pour des cons leur rappeler une pub de leur enfance, tout en subtilité. Ça les amusera et hop, ils sauteront allègrement dans le premier avion pour Paris. 

  
Source c’est moderne, il y a des pins. Je n’en avais pas vu depuis presque  trente ans. 

Bon j’admets que je ne suis pas exactement la cible concernée par l’initiative. Il s’agit de recruter et faire revenir en France des entrepreneurs et autres cadres pour qu’ils viennent travailler dans les start up Françaises qui adhèrent au programme. Mais je ne pense pas que les traiter de Léon aide franchement.  Serieusement, j’aimerais qu’on m’explique à quoi ça sert de recycler avec un humour aussi particulier ( retenez-moi, je n’en peux plus de rire. Ou pas) une vieille pub de pâtes? Je ne vois pas le rapport. Surtout que nous ressortir un slogan d’il y a  trente ans pour parler d’innovation,  il fallait oser. Et je ne dois pas être la seule  à avoir des doutes sur l’efficacité de la chose, parce qu’en un an, 8 français de l’étranger (on va dire FDE, pour faire court) ont profité du programme. Huit. C’est beau quand même cette déferlante de retours patriotiques.  ReviensLeon (je ne m’en lasse pas, qu’est ce qu’on  rit! On sent tout le génie publicitaire français qui s’exprime)  a publié 230 offres d’emplois, reçu  5000 réponses, dont la moitié non pas de FDE mais d’étrangers, et a donc permis le recrutement de 8 personnes ( ce que je trouve bizarrement plus drôle que le slogan…mais je fais du mauvais esprit, c’est bien connu). Devant un résultat aussi spectaculaire, on a même organisé pour les 8 (qualifiés évidement de Léon par les organisateurs. A leur place je serais repartie aussitôt rien qu’à cause de ça.), je disais on a organisé  pour les 8 une magnifique réception à L’Elysée,  avec François Hollande, si. Je comprends bien qu’autant de personnes qui rentrent tous les huit d’un coup en France, c’est un événement national qui mérite que le président  s’y colle….quand je pense qu’on est 9 en comptant les chattes…on ne va pas participer, jamais les organisateurs ne se remettraient d’un tel raz de marée. 

Les stars up (une parenthèse, ça évoque quoi start up en Français? …non parce qu’il y a LVMH dedans, c’est marrant je ne les voyais pas comme ça, mais je peux me tromper) qui participent ont ouvert 30 bureaux de recrutement à l’étranger  dont la moitié en Europe. Je n’ai pas trouvé le budget, mais ça valait sûrement la peine pour faire revenir 8 FDE.  Pour expliquer ce succès qu’on peut qualifier de relatif pour être poli  (je crois que j’ai déjà mentionné les 8 concernés, non? ), ReviensLéon precise que les recrutements à l’international sont des processus longs, de 6 a 12 mois. Il nous a fallu trois semaines à Marichéri et moi pour partir en Irlande, mais c’est vrai qu’on était jeune. Et je me souviens très bien, j’ai mis au moins 10 minutes pour signer mon contrat local, explications du DRH comprises (incluant impôts, retraites et protection sociale), dont 5 passées à essayer de prononcer son nom typiquement gaélique. On avait bien ri. Mais je suis mesquine. Du coup, je vais citer l’article, mot à mot: »Au-delà des considérations personnelles, d’autres paramètres n’incitent pas au retour, comme le cadre de vie, la lourdeur administrative ou encore la rémunération ». Voilà. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le journaliste. Mais je suis sûre que tout ce genre d’obstacle au retour s’envole à la simple évocation subtile d’une boite de ravioli (je crois aussi qu’il y avait une péniche et une écluse dans la pub d’origine…c’est peut-être une métaphore?). 

Mais ReviensLeon ne se contente pas de se moquer des FDE en leur donnant un nom ridicule. Il aide à l’impatriation. Ça, c’est un joli mot! Il y a donc des fiches pratiques pour le retour en France, j’ai beau faire la maligne, je reconnais que c’est une excellente idée, je suis allée voir le site. Ça commence mal, il y a un mot d’un organisateur et il me tutoie. On ne se connaît pas. Je déteste quand ce genre d’individu se permet autant de familiarité. Ça veut m’appeler Léon et ça essaie de faire croire qu’on est pote, pfff… Il y a ensuite des offres d’emplois, dont une basée à Londres, en toute logique et une pour être chauffeur, ça fait rêver. Mais revenons aux fiches pratiques. J’avoue que je me suis arrêtée à la première, sur les démarches administratives à faire avant le retour. Pour la scolarité des enfants, il faut absolument demander à leur ancienne école  un certificat de radiation. Bien sûr, donc les enfants des Leons concernés sont tous au lycée francais de leur pays d’accueil…non parce que je ne me vois pas demander un document administratif qui n’existe pas ici, dans une langue étrangère en plus au secrétariat de l’école de mes enfants. Je dis ça comme ça, sans penser à mal. Il y a aussi la liste des démarches à faire au consulat. Ahaha, je rappelle qu’une bonne moitié des FDE n’est pas inscrite dans les ambassades. Mais c’est pas grave, il faut quand même demander une attestation de changement de résidence, un quitus fiscal, le formulaire E301 pour pôle emploi et évidemment prévenir sa caisse d’assurance sociale des FDE pour qu’elle fasse suivre le dossier. WTF??? Alors je répète calmement, sans m’énerver: tous les FDE ne sont pas inscrits sur les listes consulaires. Je ne veux pas perturber ReviensLeon, mais certains qui se sont installés hors de France n’y possèdent rien, donc n’y paient pas d’impôt et n’y cotisent pas (et n’y ont droit à rien non plus). Ça s’appelle vivre à l’étranger. 

En tout cas, ça fait chaud au coeur de voir  que pour une fois, on n’insulte pas les FDE et même qu’on brasse autant de vent  pour le bénéfice de huit d’entre eux. Mais bon, même si je n’aime pas mon prénom, je n’ai pas du tout envie de me faire appeler Leon et je pense que c’est pareil pour Maricheri. On va plutot rester chez nous. A l’étranger. 

Cet article, publié dans Les colères, est tagué , , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

33 commentaires pour Thursday thunder: don’t call me Leon 

  1. michusa dit :

    C’est tout à fait ça… J’adore la partie fiches pratiques d’aides à l’impatriation ! (que c’est laid comme mot, rien qu’à cause du mot on n’a pas envie de revenir…)

    J’aime

  2. Haha merci bon fou rire comme a chaque fois. Mais pourquoi sont-ils si obcede par les expatries je me le demande…
    En ce moment je vois apparaitre pleins de titre de courrier international expat’ dans mon feed Facebook et les titres me rendent dingues: https://www.facebook.com/courrierexpat/
    Infographie. Partir un jour mais pas sans retour…
    On parle souvent des femmes qui s’expatrient pour suivre leur mari. Mais aujourd’hui, de plus en plus de femmes choisissent de partir à l’étranger pour leur propre carrière.

    J’aime

  3. carrie4myself dit :

    ??? Non mais j’hallucine. Quelle perte de temps, d’énergie, pour quoi? ah oui 8 personnes, qui devaient vivre a Londres, enfants au lycée français of course!
    Non mais allo quoi?!!!!
    Ne revenons pas Leon, fuyons de la maison plutot!!!

    J’aime

  4. laurence (@lopalomita) dit :

    je leur dis que fils aîné est parti au Qatar (après avoir passé 1.5 an au Maroc) pour 1/ trouver déjà du boulot 2/ gagner correctement sa vie en tant qu’ingénieur 3/…. ben il ne veut pas payer d’impôts du moins pas trop d’impôts car « il n’a pas envie de payer pour tous ces cons qui dilapident l’argent public comme au temps des rois et droite gauche même combat…  » euh non je vais attendre un peu

    J’aime

  5. Sandra dit :

    23h41 je suis toujours au taff à Lindres merci de cet article ton sens de l’humour est toujours aussi drôle et acide! Ce revient me ferait presque sourire si je n’avais pas envie de pleurer de savoir que je vais devoir rentrer à la maison dans 1 an 1/2!!! Mes enfants sont en écoles anglaises, je n’ai roen en France mais je suis inscripte au consulat…..😫

    J’aime

  6. Pareil pour moi. Non mais, parole de Leon!

    J’aime

  7. Ah le gouvernement français et ses opérations désespérées (désespérantes?!)… Hahaha!!! Merci pour cette tranche de rigolade et pour le coup mon Mr A s’est joint à moi!!

    J’aime

  8. zenopia dit :

    Tu sais ce qui me fait marrer ? LVMH, si je me souviens bien, c’est Beranrd Arnault qui a demandé la nationalité belge il y a quelques années… nationalité qui lui a été refusée… expat ou évadé fiscale ??? (mais je ne voudrais pas être mesquine non plus ^^)

    Aimé par 1 personne

  9. Claire dit :

    Ahaha, encore un article excellent!
    Pour être rentrée l’an dernier après 4 ans en Espagne (snif), le retour administrativement parlant est franchement plus compliqué que l’arrivée en Espagne. Faudrait que je lise les fameuses fiches alors…
    Ici, on rentre jamais dans les cases que ce soit pour les impots, l’ecole (comment vous avec pas de dossier scolaire francais? Ah ben non elle était à l’école publique espagnole… mdr…), la secu (quoi! vous cotisiez pas à la caisse des FDE? ah mais faut tout recommencer à 0…), etc, etc…
    Et le pire c’est les ptites remarques condescendantes parfois sur le système espagnol par rapport à notre superbe système français… Ca m’énerve!

    J’aime

    • pomdepin dit :

      J’ai été étonnée aussi en arrivant en Angleterre, alors que tout le monde sait que le système de santé français est bien sûr le meilleur ici, tout est gratuit! C’est fou non?… Bon cela dit, le NHS n’est pas genial non plus.

      J’aime

  10. Rien que le slogan donne envie de courir… dans l’autre sens 😉
    Et imagine, y’a même des FDE, en fait, ils sont mariés avec des étrangers et parfois même des étrangers originaires du pays dans lequel ils vivent (j’en connais et visiblement, y’en aurait d’autres)… Alors, du coup, s’ils « rentraient » en France, c’est le conjoint qui serait plus dans le bon pays… donc, faudrait repartir dans l’autre sens… donc re-revenir en France … donc…. Damned : on a inventé le mouvement perpétuel 🙂

    J’aime

  11. lucie dit :

    J’ai lu ton article dans le train hier et ça m’a fait rire (les gens ont dû se demander pourquoi je me marrais toute seule, c’est pas un comportement normal pendant le commute). Déjà j’ai appris un truc: l’origine du slogan « Reviens Léon ». J’étais pas née quand il est sortit, (1984 d’après Internet) mais je vois toujours pas le rapport entre la start up & cette pub. Ca doit être trop subtil pour moi.

    A l’époque où le site est sorti je me suis dis que ça pourrait être une bonne idée pour les gens qui ont un peu peur de rentrer à cause de l’administration (en même temps je pense aussi que celui qui veut rentrer le fera de toute façon quel que soit le nombre de formulaires à remplir). J’avais donc regardé les annonces mais c’était pas transcendant non plus – LinkedIn a aussi beaucoup d’annonces un peu partout dans le monde. 8 personnes en un an et quelque c’est quand même pas beaucoup, enfin j’ai l’impression. Au final leur site s’adresse « aux vrais expats », non? Ceux qui sont envoyés par des boîtes française et qui restent assez rattachés à la France. On serait des cas désespérés pour eux 🙂

    J’aime

  12. Je ne comprends vraiment pas l’intérêt de faire revenir des expats en France : après tout, s’ils sont partis, c’est qu’ils l’ont voulu, quelle qu’en soit la raison, et puis, si un jour ils veulent revenir en France, hé bien, ils le feront, pas besoin de François. Je ne comprends vraiment pas le chemin de pensée de ce gouvernement.

    J’aime

  13. LadySo dit :

    J’aime bien comment leurs efforts apportent tout à fait le contraire de ce qu’ils attendent. Ça donne vraiment envie de rester où on est, pas de « s’impatrier » (que c’est moche)

    J’aime

Laisser un commentaire