Thursday Thunder: parenting inequality 


Il y a de tas de sujets qui me contrarient. Demandez à Marichéri, il vous le dira, je m’énerve très facilement, pour plein de raisons. Voire sans raison…A ma décharge, ça ne dure jamais! J’ai l’attention d’un moucheron hyperactif, je passe très vite à autre chose.  J’ai donc pas mal de sujets en réserve, et pas que sur l’expatriation ou la maternité, pour mes coups de colère du jeudi, mais je continue à recevoir des suggestions! Merci, je suis très flattée…finalement, mon mauvais caractère doit être supportable, puisqu’on m’encourage maintenant! 

  
J’ai donc découvert ici, grâce à un message sur FB, un billet formidable d’une maman qui résume très bien ma pensée et que je ne peux que vous recommander (désolée, c’est en anglais). Elle parle du « default parent », non pas le parent mal fichu ou pas très futé, mais celui qui assume tout par défaut. Celui que l’école appelle quand l’enfant est malade, celui qui doit savoir tout sur tout concernant l’enfant …bref la mère. Comme le dit l’auteur, son mari est un papa formidable et elle ne cherche pas à relancer une quelconque guerre des sexes. On est bien d’accord, Marichéri aussi est un papa merveilleux. Mais bon, c’est sûr qu’il ne sait pas comment s’appellent les institutrices de ses enfants, ou à quoi ressemble la School nurse. Il ne connait pas leurs emplois du temps, ne suit pas les rendez-vous chez le médecin, ne sait pas où sont les chaussettes de sport,  ne se tape pas les spectacles scolaires et tout ça. Mais pas parce qu’il est le papa, parce qu’on s’est assis un jour pour prendre une décision quand L’Ado avait juste quelques semaines,  après avoir découvert avec stupeur que ça allait nous coûter un bras de le faire garder. Ça allait exactement nous coûter le salaire de l’un ou de l’autre. La logique économique de la chose étant limitée (surtout qu’on ne risquait pas d’avoir un deuxième enfant à ce prix là!),  on a donc décidé ensemble qu’un de nous resterait à la maison. On n’a jamais  dit que ce serait moi parce que je suis la maman. Les crèches qu’on avait visitées nous avaient fait peur aussi…On a vraiment considéré le problème le plus rationnellement possible. Marichéri avait des possibilités très sérieuses de promotion, immédiates. Pas moi. J’avais bien  une jolie offre d’emploi, bien mieux payée mais loin. Très loin. Avec des horaires decallés. Pas pratique du tout…bref, sur le moment, on a pensé que ça faisait du sens. Donc, pour en revenir au début, je suis devenue la « default Parent » (pas besoin de rester à la maison pour ça d’ailleurs) mais parce qu’on l’a décidé. Ça aurait pu être Marichéri.

Et c’est là que je voulais en venir, et vous allez voir, ça va m’énerver! Quand Toddler 5 était à l’hôpital et que Marichéri passait la nuit avec lui  c’était un super héros (je le pense aussi, mais ce n’est pas le propos. Ni la raison d’ailleurs), les infirmières étaient béates  d’admiration devant un tel dévouement. Quand j’étais là, c’était juste la moindre des choses. Ben quoi, je suis la maman, c’est normal. Quand il amène un des enfants chez l’opticien, il est presque applaudi par la réceptionniste. C’est phénoménal de s’occuper aussi bien de ses enfants quand même! Quand c’est moi, ben quoi? C’est la moindre des choses. Vous en voulez encore? La seule et unique fois où Marichéri a été à une réunion parents teachers, il a eu un café (imbuvable, et toc!), tellement l’institutrice était impressionnée par une aussi grande conscience paternelle. Je peux crèver la bouche ouverte à attendre des heures dans le couloir, je n’aurais pas droit à un verre d’eau, parce que quand c’est moi, c’est la moindre des choses de venir aux réunions, je suis la mère, c’est normal de suivre la scolarité de mes enfants. Les rares papas au foyer qui viennent chercher leurs enfants à l’école au milieu d’une marée de mamans sont regardés comme des êtres mythiques. Ils restent à la maison pour les enfants, c’est tout simplement beau. Les mamans au foyer ?…ben oui, et alors? C’est la moindre des choses! Je pourrais continuer comme ça pendant longtemps… Ça m’exaspère, d’autant plus que ce sont des femmes, des mamans qui font ce genre de réflexions. Non mais, ça va pas? Vous avez bu quoi? Vous ne voulez pas vous flageller aussi, tant qu’on y est? Non, ce n’est pas extraordinaire qu’un parent s’occupe de son enfant. Non, ce n’est pas non plus la moindre des choses qu’un parent le fasse. Tout de suite, quand on remplace papa et maman  par parent, l’imbécilité illogique de ces jugements sexistes ressort bien, non? 

Pourquoi est-ce que certaines femmes tiennent absolument à se tirer une balle dans le pied et en entrainant avec elles toutes les autres qui n’en demandaient pas tant? Après tout, si ça les amuse de se dévaloriser systématiquement, c’est leur problème, elles ne sont pas obligées de généraliser  non plus. La société (je deteste employer ce terme passe-partout, mais je n’ai pas trouvé mieux…) cantonne déjà les mamans dans le rôle du default parent, si on en rajoute nous-même une couche, on n’est pas prêtes de faire avancer les choses!  Cela dit, j’ai comme un doute devant ces adeptes de la parentalité à deux vitesses. Parce que je trouve ça aussi très méprisant pour les papas…ils sont tout à fait capables de s’occuper  leurs gamins aussi, ils n’attendent pas d’être applaudis. 

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40 commentaires pour Thursday Thunder: parenting inequality 

  1. J’ai pas d’enfants, mais je comprends tout a fait cette colère. Perso, dans le même registre, je déteste être tenue responsable pour l’état de la maison. On travaille tous les deux a plein temps, on a tous les deux une vie en dehors du bureau, mais si quelqu’un passe a l’improviste et qu’il y a de la vaisselle dans l’évier, c’est moi la mauvaise maîtresse de maison?
    A part ca, quand le chien est malade la nuit, a besoin de croquettes ou doit aller chez le veto, c’est automatiquement moi qui m’en charge…

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  2. Margarida dit :

    Et bien, tu sais quoi ? Il y a juste une heure et demie, je parlais de ça avec ma mère au téléphone, oui oui, tu peux me croire 😛 Je n’ai rien d’autre à ajouter à tout ce que tu dis !
    Je lisais aussi un article qui disait qu’une maman travailleuse avait beaucoup plus d’interruptions dans la journée que le papa (travailleur aussi, bien sûr). Voilà. Tout est dit.

    Belle soirée à toi !

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    • pomdepin dit :

      Ça ne m’étonne pas. Sur les formulaires de l’école, ils demandent d’abord le numéro de la mère, puis le père. C’est un détail, mais c’est symptomatique.
      Bonne soirée aussi!

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      • tarab2014 dit :

        Ah tiens, ils sont curieux à l’école de tes enfants… En France de mémoire c’était d’abord numéro du père puis de la mère (héritage du vieux syndrome « chef de famille » sans doute). Ici à Shanghai le lycée français s’adresse d’abord, voire exclusivement à celui… qui paye l’école (ou dont l’entreprise paye l’école), donc à 98% des pères… Ce qui donne lieu à des balais de mails drôlatiques entre parents puisque eux bossent (puisque leurs boîtes payent le lycée donc) et qu’ils ne peuvent pas aller aux 36 000 réunions à horaires absurdes dont le lycée les informe régulièrement mais pas les mères qui pour la plupart ne bossent pas. On rigole bien à Shanghai parfois 😉

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      • pomdepin dit :

        C’est pire que ça, je viens de signer une autorisation pour GeekAdo. Ils demandent que ce soit signer par une personne responsable de l’enfant, donc la mère. Et en petit, en bas de la feuille. Ils rajoutent que le père peut signer aussi, si il est marié à la mère.

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  3. Mam miam dit :

    Ohhh lala je suis d’accord d’accord …. Ca m’énerve ce genre de chose. Et ça arrive très souvent , le regard énamourée de la secrétaire ou l’infirmière quand mon cher et tendre amène la Schtroumpfette ou le grand Schtroumpf a un RDV , dans leurs yeux il mérite une médaille. Moi quand j’amène le GS au rugby , les éducateurs ne me font pas une haie d’honneur non 🙄
    Quant aux papas qui vont chercher les enfants à l’école , je me souviens de grand schtroumpf en maternelle qui avait une maîtresse magnifique ( mince, grande, blonde, jolie et adorable) , c’est l’année où j’ai vu le plus grand nombre de papas devant la classe !!
    Bonne soirée bises

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  4. Lucile dit :

    L’année dernière, mini-moi a fait des bêtises à l’école et a gagné un avertissement de la part de la directrice. Je l’ai vertement réprimandé et signé son mot. Le lendemain, mini-moi m’a annoncé que la directrice voulait que son père signe le mot. Alors que je lui répondais qu’il aurait dû prévenir qu’il fallait que les deux parents signent, il m’a dit « non, non, mon copain c’est juste son papa qui a signé et ça suffit. La directrice a vu que c’était toi qui as signé et elle a dit que c’était à papa de signer ce mot ». Je crois avoir rarement été aussi énervée… La dame s’est pris une lettre de 2 pages dans laquelle je lui exposais tout le bien que je pensais de sa vision du monde et du fait qu’en 2015 je doive me justifier de mon autorité parentale.
    Bizarrement quand il s’agit de remplir les papiers de la cantine, ma signature a toujours suffit…

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  5. carrie4myself dit :

    uhuh un cafe imbuvable Pooovre Maricheri 😀
    Hate de compter le nombre de cafes que tu vas réussir a boire avant les etats d’esprit…..
    Non mais c’est étrange et dérangeant lorsque tu vois la non evolution de la société pour ce genre de reflexion!!!

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  6. J’ai découvert ça quand Mr 1er était à la crèche, rapport à ce que la sous-directrice ne tenait jamais compte de l’avis du papa qui déposait chaque jour Mr 1er et me téléphonait pour avoir les infos, les mêmes infos que le papa lui avait données 1 heure avant (la directrice était un peu plus moderne dans sa conception du monde et pour elle, un parent était un parent, point ! ). Bon, les 2 ou 3 premières fois, j’ai laissé le bénéfice du doute.. après tout, le papa, être humain, pouvait bien avoir oublié de donner l’info… Mais la 4e fois, j’ai posé à cette dame directement la question de savoir si la parole du papa valait à ce point moins que la mienne.. Etrangement, elle n’a jamais rappelé ensuite… faut dire que j’étais un poil fâchée !

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  7. Daelf dit :

    Aaah la belle rengaine classique que voilà.
    Le plus bel exemple que j’aie vu, indéniablement de cette catégorie de portnawak ?

    Notre fils a déclaré un diabète de type 1 juste avant ses 2 ans. À la maison il bavardait un peu, à l’hôpital il ne parlait quasiment pas. Ça inquiétait les infirmières (on a découvert trois ans plus tard qu’il est autiste type Asperger, en fait. ça explique. bref…) Et on habite relativement loin de l’hôpital pédiatrique qui l’a pris en charge et où il est toujours suivi… Du coup, entre passer la nuit à *très mal* dormir, sur un matelas, dans un service d’endocrino où les infirmière viennent mesurer la glycémie de certains patients toutes les deux heures, juste à côté d’un service de neuro où les pleurs et les cris sont angoissants tout le temps, surtout pour des parents déjà à bout, et où c’est forcément pire à supporter la nuit… Nope. Surtout sur trois semaines (durée classique d’une hospitalisation pour découverte de diabète t1 chez un tout-petit, pour équilibrer et apprendre à gérer.)
    Eh bien devinez QUI l’une des infirmières a voulu culpabiliser parce que notre fils nous voyait « trop peu » la nuit et le matin ? (petit garçon très indépendant déjà, très content d’avoir des copains sur place, et dont on voyait bien, nous, qu’il avait plus besoin d’un parent en forme la journée pendant qu’il l’était aussi, que d’un parent à moitié endormi la nuit qui ne penserait qu’à son lit pendant la journée…) Devinez pour voir. Une chance sur deux.
    BINGO. C’EST MAMAAAN BIEN SÛR.
    Bizarrement on l’a peu revue après, la dame. Comme c’est étrange.

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  8. lanabc dit :

    En tant qu’instit, je vois à peu près autant de père que de mère déposer les enfants le matin et à la maternelle pour ma fille c’est pareil. En ce moment, je reçois chaque parents et c’est aussi du 50/50 niveau papa/maman ou ils viennent à deux. Moi j’essaie de changer de mentalité et de demander à l’enfant si il y a un parent à la maison quand ils sont malades et quand c’est le père, je n’appelle pas la mère. J’essaie de dire « parents » ou ta mère et ton père.
    Je sais ce que tu décris, mon couple étonne étant donné que nous nous partageons beaucoup les tâches. Le doc ça peut être moi ou Chéri ça dépend qui est dispo. Mon entourage est super admiratif du fait que ce soit Chéri qui cuisine tous les soirs. Mais il rentre en premier et il aime ça…. Les gens ne voient pas que je me coltine les courses qu’il déteste faire et tous les papiers de la maison, les démarches. Monsieur est casanier. Le ménage idem, chacun sa machine, lui le lave-vaisselle, moi le lave linge… Pour nous c’est juste normal. J’espère que mes enfants verront que l’égalité existe.

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  9. lanabc dit :

    J’oubliais, c’est hyper important de montrer à ces messieurs qu’on leur fait confiance. Les choses sont souvent faites différement mais peu importe. la première fois que le mien a étendu du linge. J’étais morte de rire, ça valait dix, il avait balancé les chaussettes sur le haut en vrac mais j’ai gardé mes réflexions, je n’ai rien reproché et je lui ai juste dit la fois suivante que les chaussettes séchaient plus vite avec une pince. Il fait le ménage en gros, pas dans le détail. Tant pis, je dis rien et quand j’ai le temps je fais les choses à fond. Je trouve que les femmes se tirent une balle dans le pied elles mêmes parfois en voulant à tout prix que ce soit fait comme elle le veulent.

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    • pomdepin dit :

      Absolument, il faut encourager les bonnes volontés! Et leur apprendre très tôt aussi, je ne m’approche plus du lave vaisselle depuis que L’Ado (et maintient les autres) est assez grand pour le remplir et le vider tout seul.

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  10. zenopia dit :

    Même chose ici… et oui, c’est une image véhiculée par les femmes ! on en parlait justement hier soir (pendant que le barbare zappait, je papotais en douce avec une copine virtuelle ^^). Pourtant le barbare s’occupe beaucoup de la poulette… et comme il bosse à la maison, il fait même plus de trucs du genre les rdv médicaux, etc. Par exemple, ce we, je vois mes copines blogueuses et l’homme se fait une journée père-fille avec resto, etc. Pour moi, c’est normal… bisous

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    • pomdepin dit :

      C’est ce que je disais à Ma, je ne comprends pas que ce soient de femmes qui perpétuent ce sexisme…elles gérent leur couple et leur vie de famille comme elles veulent, ce n’est pas une raison pour en faire une généralité!

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  11. The Postman dit :

    Nanmeho, t’as pas vraiment compris l’affaire: si c’est un papa qui vient chercher l’enfant, il y a une certaine probabilité pour que le monsieur soit veuf ou célibataire, donc c’est un bon parti… donc on lui fait des compliments, et tout et tout… mais ce n’est vraiment lié à l’éducation parentale, c’est juste de la drague 😉
    (ok ok je sors…)

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  12. LadySo dit :

    Je n’y avais jamais pensé, dis donc…mais maintenant que tu le dis….C’est tellement vrai :(. Je ferais gaffe quand j’aurais des gosses. Le premier qui me dit « C’est normal » à moi, et « c’est tellement beau » à mon chéri, il en prendra pour son grade !

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  13. Agdel dit :

    Travaillant à temps partiel, j’ai naturellement assumé ce rôle de parent par défaut, même si mon mari s’est beaucoup occupé des enfants. Je travaille plus près de la maison, également, donc c’est moi qu’on appelle à la base si l’un des enfants est malade. J’ai remarqué, quand ils étaient petits, que j’avais du mal à tout déléguer : si je prenais du temps pour moi, j’avais tout planifié, fait les courses, préparé le dîner avant de sortir (même avant mes accouchements, je préparais tout pour les jours suivants quand je sentais venir le moment), il m’a fallu des années pour lâcher prise là-dessus (et pourtant, mon mari se débrouille très bien sans moi). Mais j’explose quand, pour une enquête, pour un devis (et même, une fois, pour prendre la carte de paiement d’un magasin de bricolage), on exige la présence du « chef de famille » ou sa signature ! En général, je finis par les traiter de « complètement rétrogrades » et je vais voir ailleurs.

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    • pomdepin dit :

      Tu as bien raison! Je me suis énervée comme une folle l’année dernière avec les agents immobiliers qui ne parlaient qu’à Marichéri. Et ce n’est pas beaucoup mieux avec les artisans.

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  14. StefBD dit :

    Comme je partage ton point de vue!! Dans le même genre d’idée, c’est fou comme un père en déplacement pro, c’est tellement normal que personne ne songe à demander à la maman « comment elle va s’en sortir », alors que pour l’inverse, c’est limite si les voisines ne jouent pas le Bree Van de Kamp ( on a les références qu’on peut :-D) et lui apportent des plats tout faits, voire proposent de faire le ménage ! Véridique !! Ça me fait toujours bondir!

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